L'exception culturelle cinématographique française serait elle en train de s'affirmer à travers la médiocrité des productions hexagonales ? Après le grotesque "Ma Loute", voici le très dispensable "Tout de suite maintenant".
Passe encore que Pascal Bonitzer offre un premier rôle (et un casting exceptionnel) à sa fifille Agathe, même si cela contribue à cette impression d'entre soi qui exaspère tant de nos concitoyens (n'est-ce pas Léa Seydoux ?). Mais qu'il bâtisse son personnage autour de ses relations avec son père (incarné par Bacri), et la recherche d'un éclairage sur le passé de celui-ci, crée une curieuse forme de mise en abyme qui - le spectateur de base n'étant pas nécessairement au fait de l'histoire familiale des Bonitzer - tombe à plat. Nombrilisme, quand tu nous tiens...
Le regard porté par le film sur le monde de l'entreprise et de la finance est simpliste et poussif, à des lieux par exemple de celui proposé par un "The big short". Travailler dans la finance, ce n'est pas uniquement avoir un bureau (attention, pas un papier sur la table) dans des locaux vitrés et afficher des graphiques Excel sur un ordinateur portable Macintosh. Et si encore le film délivrait un message, quel qu'il soit, sur le sujet : mais non, même pas. Il s'agit juste d'un décor pour les péripéties sentimentales de la protagoniste principale du film et de sa sœur. Péripéties dont le traitement est parfaitement bâclé, car concernant des personnages superficiels, et qui par conséquent peinent à susciter la moindre émotion.
On ne comprend pas très bien non plus ce que vient faire dans le scénario le gros molosse noir, si ce n'est qu'il permet un gros plan sur un "Fjord" renversé sur le sol de la cuisine de la villa de Lambert Wilson. Branding ?
Ce qui parvient à sauver de "Tout de suite maintenant" ce qui peut l'être, c'est le jeu de ses acteurs. Lambert Wilson est vraiment très bon dans son rôle de salopard mondain, Isabelle Huppert également en bourgeoise vieillissante alcoolique et désaxée. Bacri, pour sa part, ne se foule pas trop : il fait du Bacri, mais ça reste solide. Quant à la diaphane Agathe "the blues" Bonitzer, elle n'est pas exécrable c'est vrai, sans toutefois être transcendante. Idem pour Vincent Lacoste, qui est à peu près convaincant dans un rôle tout simple de petit con.
Ce sont donc finalement ses acteurs sexagénaires qui sauvent un tant soi peu ce film (acteurs dont la présence à l'affiche devrait garantir à ce dernier un nombre d'entrées satisfaisant à défaut d'être mirobolant). On peut par contre s'inquiéter de ce que deviendra l'exception culturelle cinématographique française lorsque cette génération aura été atteinte par la limite d'âge...