Je suis entré dans « Tout en haut du monde » comme dans un les romans d’aventures marines que, il y a quelques décennies en arrière, je dévorais avidement. Entre « L’ile au trésor », Jules Verne ou Jack London ma préférence allait toutefois à Mc Orlan, auteur un peu oublié mais génial, qui aurait pu être, peut-on rêver plus beau compliment ?, à l’origine de ce romanesque récit. La griffe de Mc Orlan, se reconnaît à son univers de contrastes, tout emplit de poésie autant que de rudesse, traversé par le fantastique comme très ancré dans une contemporanéité, il nous laisse songeur mais sait aussi réveiller en nous cette part de merveilleux qui ne demande qu’à s’animer. Rémi Chayé provoque le même enthousiasme.
Les images qui défilent, comme se tournent les pages, sont soignées sans être pour autant extraordinaires au niveau graphique (les aplats sont un peu simplistes). C’est d’ailleurs le seul reproche que l’on pourrait faire. Toutefois, elles sont suffisamment expressives et illustrent si bien cette aventure, que l’on se laisse porter, bringuebaler ou surprendre, mais surtout séduire. Sasha, Ouloukine, Katch et chacun des personnages sont intelligemment conçus, avec de vrais personnalités bien typées évoluant dans des décors grandioses, que ce soit le Saint Petersburg du 19ème siècle ou l’âpre banquise.
Mais, et c’est certainement là un signe de cette belle réussite, c’est toute cette passion traversant le film qui force notre admiration. On ressent combien Rémi Chayé et toute son équipe tenaient à ce projet ambitieux et pourtant si contraint (budget). Tous réussissent un beau film, dont l’humilité n’est pas la moindre des qualités, qui laissera à coup sur un souvenir heureux et dans lequel on replongera en toute émotion, comme on replonge parfois dans nos livres de jeunesse, pour retrouver cette part d’innocence et de joie simple… un peu de notre âme d’enfant.