Tout en Haut du Monde est un joli voyage. Une quête initiatique autant que celle d'un bateau ou d'un être cher qui s'est tu. Tout cela dans des aplats nuancés de bruns, de beiges et de blonds qui rejoignent l'immaculé de la banquise ou le bleu des cieux sous lesquels Sasha navigue.


L'art est original, l'animation minimaliste, au service de quelque chose d'aussi abouti qu'efficace, au léger accent de Jack London, qui laisse comme émerveillé, qui laisse un goût d'évasion, de beauté simple et touchante.


Dans les cordages du Norge, et avec un peu de hauteur, chaque paysage s'envisage comme un tableau, le vol des goélands comme une composition. Tout est couleur chatoyante où le trait est quasi absent, tout comme le manichéisme, le naïf ou l'enfantin.


Sasha perd son regard vers l'horizon. vers la maison de Saint-Petersbourg et la famille qu'elle a quittée, vers une vie où elle ne se sentait plus à sa place, des luttes d'influence et de vaines réceptions mondaines. Elle se tourne vers son grand père et ses aventures, à qui elle ressemble comme deux gouttes d'eau. Le périple qu'elle entame est celui d'une petite fille qui grandit. Battante, têtue, courageuse et déterminée pour s'imposer, elle et ses convictions, à un équipage qui se retourne contre elle quand les difficultés se dressent et s'accumulent.


L'aventure n'est pas oubliée, entre tempête, montagnes de glace qui s'effondrent et survie du groupe qui avance dans l'immensité blanche. Jusqu'à cette statue de glace, contre laquelle Sasha se blottit. Leur visage et leur regard sont tournés dans la même direction. Celle des rêves un peu fous, des buts que l'on s'assigne et que l'on caresse. De l'aventure dans laquelle on s'accomplit et l'on se définit. C'est bien le même sang que celui de son grand père qui coule dans les veines de Sasha. Elle reste à ses côtés, en silence, jusqu'à ce que cette statue dérive lentement, impassible.


Très peu de tristesse dans cette séparation. Seulement de l'admiration et du recueillement. Et la voix port mortem d'un journal de bord qui narre les derniers exploits de l'aventurier.


Poésie, beauté, éloge de l'aventure, Tout en Haut du Monde, c'est tout cela à la fois, dans un film d'animation d'une rare qualité, porté par les notes d'une très belle musique qui invite doucement à l'abandon, vers les sommets.


Behind_the_Mask, qui brave le blizzard.

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le 18 avr. 2016

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