Le vendredi 1er avril Agribio 04, l’association des producteurs biologiques des Alpes de Haute-Provence a proposé gratuitement la projection du documentaire Tout est Possible (The Biggest Little Farm) sur la commune de Forcalquier.
Tout est Possible est le pari fou d’un couple de californien se résolvant à tout plaquer pour créer une ferme traditionnelle avec le plus de biodiversité possible. Le but est d’associer productivité, bien-être et reconnexion avec la nature dans toute sa diversité. Le film documentaire est un deux poids de mesure puisqu’il parvient à nous persuader qu’un système agro-écologique puisse être un monde magnifique qui ne jure que par la synergie et l'interdépendance, tandis que la partie mise en œuvre et résultat économique se verra complètement occultée (à tort).
La presque-fiction nous fait croire qu’avec un cochon tirelire vide, de la très bonne volonté et l’aide de quelques amis il est possible de rassembler plusieurs centaines de milliers de dollars (si ce n’est quelques millions) en moins de 6 mois, pour transformer l’arrière-pays de Los Angeles aussi désertique qu’hostile en un gigantesque agro-écosystème foisonnant de vie et de presque 100 ha.
Agribio diffuse ce film documentaire ici-même en Provence pointant du doigt la pertinence d’établir un regard croisé entre la Californie et le Sud de la France ; deux régions bénéficiant d’un climat méditerranéen. Or, la ressemblance ne va pas plus loin, parce qu’un tel ouvrage est littéralement impossible de reproduire pour n’importe quelle jeune agriculture Français. Le système agronomique est défini comme une « ferme traditionnelle » mais s’assimile davantage à un lieu d’expérimentation scientifique hors-norme et coûtant et accessoirement à une ferme pédagogique agritouristique pour qui veut payer la bagatelle de 75 dollars hors pourboires. Faut dire que dans l’Ouest on n’perd pas le Nord.
Personne ne le niera, le résultat est saisissant et donne envie de construire son propre jardin d’Eden pour notamment lutter contre l’anxiété urbaine, la perte de biodiversité, la pollution et les catastrophes naturelles. Il est juste extrêmement frustrant de ne pas montrer explicitement les moyens employés, et les résultats économiques. Parce que ce type de production a bien la prétention d’encourager à un changement de modèle n’est-ce pas ?
Lacunaire sur le contenu informatif donc, fâcheux pour un documentaire, mais merveilleux sur le plan narratif et biographique. Aussi le réalisateur et porteur de projet John Chester met à profit son expertise en photographie animalière pour nous offrir des images captivantes de la faune domestique et sauvage. Du sensationnalisme à l’américaine parfois dispensable mais on retiendra une histoire agréablement bien contée, gorgée de poésie et d’espoir. A diffusé largement dans les écoles.