Scott Ferret,jeune snowboarder surdoué,filme ses exploits et les poste sur internet.Il arrive à Chamonix,où il rencontre Pierrick Lefranc,une de ses idoles,qui est un ex spécialiste de ski extrême s'étant reconverti en moniteur et en marchand de remontées mécaniques.Les deux hommes sympathisent et finiront par tenter ensemble la descente du Hornbein,pente inskiable de la Face Nord de l'Everest que personne n'a jamais défiée.Le comédien Serge Hazanavisius,frère aîné de Michel et sosie du très médiatique avocat Gilles-William Goldnadel,signe ici son premier long-métrage cinéma,dont il est scénariste et dialoguiste en compagnie de Stéphane Dan,authentique champion de snowboard.Skieur passionné et expérimenté,Hazanavicius n'a pas choisi par hasard de situer son film dans ce milieu mais le succès ne sera pas au rendez-vous et l'oeuvre sera un échec retentissant.Si le scénario est très simple et parfois curieusement elliptique,le film parvient cependant à immerger le spectateur dans l'ambiance très particulière du sport extrême.Autant l'avouer,ces mecs apparaissent comme des fous furax.Toujours en quête de défis insensés,ils ne se sentent exister qu'au contact du danger et dévalent à toute blinde des à-pics casse-gueule pleins de crevasses,de bosses,de rochers,d'arbres et de surfaces glacées.Mais le film exprime bien la quête mystique que représente cette activité.Les pratiquants sont des amoureux de la montagne autant que du ski et veulent atteindre et dompter ces rares endroits de la planète où personne ne va parce que personne n'en est capable.Leur volonté de se hisser sur les points culminants de la Terre fait écho à celle des plongeurs du "Grand Bleu" qui eux se dirigeaient vers les plus grandes profondeurs de notre monde.Et l'obsession de Scott pour le Hornbein rappelle étrangement la vague ultime que Bodhi pourchassait dans "Point Break".Hazanavicius nous offre de magnifiques images de la montagne,ce gigantesque domaine hors du temps,majestueux et silencieux,d'où même l'oxygène est absent.Car tout nous est expliqué,il ne s'agit pas que de s'éclater à descendre les pistes,il faut avant cela effectuer l'ascension.Les sportifs ne se font pas déposer au sommet en hélico mais gravissent la montée à pied,exercice épuisant s'il en est.Arrivés en haut,crevés et privés de la moitié de leurs capacités respiratoires,ils doivent alors entamer des descentes qu'on peut par euphémisme qualifier de périlleuses.La dimension philosophique du truc est soulignée par la volonté de Scott d'effectuer des premières.Il est un très bon snowboarder et pourrait facilement intégrer le circuit professionnel des compétitions de vitesse.Mais il pense à juste titre que même s'il devenait un champion de la spécialité,il finirait par être détrôné un jour par d'autres sportifs plus jeunes,plus forts,plus doués.Alors que quand on a ouvert une voie pour la première fois,on reste pour l'éternité le premier à l'avoir fait.Le film développe également une belle histoire d'amitié entre Scott et Pierrick,qui évolue vers une relation père-fils.Le jeunot,enfant sans parents,se cherche inconsciemment un père,et l'ancien,qui n'a pas d'enfant,se laisse apprivoiser par ce gamin qui lui rappelle ce qu'il était à l'origine et le pousse à se lancer à nouveau dans des projets risqués.On peut bien sûr trouver la fin frustrante et aussi abrupte que les pentes du Hornbein.Scott et Pierrick s'élancent dans la descente et.....le film est terminé!On ne saura pas s'ils réussissent,s'ils échouent,s'ils vivent ou s'ils meurent.Mais le texte intervenant sur l'écran justifie ce choix scénaristique car il nous informe que l'histoire est inspirée de la réelle expérience de Marco Siffredi,rien à voir avec Rocco,un jeune snowboarder chamoniard de haut niveau qui est le seul à avoir vraiment tenté le Hornbein.C'était en 2002 et,comme l'écrit joliment Hazanavicius,sa descente n'est toujours pas terminée.Siffredi a disparu sur ces pentes à l'âge de 22 ans et son corps n'a jamais été retrouvé en dépit d'importantes recherches.Il aurait donc été malvenu et peu respectueux de créditer de cet exploit deux personnages de fiction,tout comme il aurait été décevant de voir mourir ces types sympathiques,rester dans l'expectative étant finalement une bonne solution.Kev Adams et Vincent Elbaz incarnent à la perfection les deux héros.Le premier cultive son personnage de cinéma à la fois naïf et obstiné tandis que le charisme exceptionnel du second fait merveille.Ils ont en outre accompli un gros travail physique pour être à la hauteur de leurs rôles,même s'ils sont évidemment doublés pour les scènes éminemment acrobatiques de descentes.Ils sont agréablement flanqués des jolies et lumineuses Bérénice Bejo,la belle-soeur du réalisateur,et Mélanie Bernier,déjà partenaire d'Elbaz en 2011 dans "L'assaut".Parmi les producteurs se trouvent Julie Gayet et Nathalie Cohen Smadja qui n'est autre que la mère de Kev.Un autre film se passait dans ce milieu,il s'agit de "Snowboarder" d'Elias Barco,sorti en 2003.