Tout le monde aime Jeanne est à ce point assuré de sa singularité tonale et visuelle, lourdement assénée à coups de voix off et d’animation redoublant par le dessin les émotions de notre héroïne, qu’il en oublie ses comédiens, statiques alors que le scénario exigeait d’eux un mouvement perpétuel, polaires là où la rencontre des contraires aurait dû les rendre solaires, théoriques sans incarnation aucune. Le film suscite une impression de tristesse générale, causée en partie par le démantèlement désabusé des situations vécues de façon non pas libre – comme le voudrait les partis pris d’autrice – mais mécanique. Un exercice de style qui se complaît dans les syndromes dépressifs représentés, dépourvu de tout sens et de toute rigueur comiques, en dépit de quelques trouvailles et de l’antithèse opposant la grisaille de cœur aux couleurs chaudes de Lisbonne.