(Presque) tout le monde apprécie Tout le monde aime Jeanne, après sa présentation à Cannes. Sans doute parce qu'une comédie sur la dépression (échec professionnel + deuil d'une mère, cela fait beaucoup) c'est original, pour un premier film qui affiche Blanche Gardin, Laurent Lafitte et Marthe Keller à son casting. Pourtant, d'entrée, la conscience de l'héroïne en détresse se matérialise sous forme de voix off et d'animation et c'est très embarrassant parce que l'humour est potache et facile et conduit à un décalage systématique entre les actes et les pensées parasites d'un personnage féminin exilée pour un temps à Lisbonne. En mélangeant les formes (images et dessins), la réalisatrice, Céline Devaux perd peu à peu la substance de son propos, nous conduisant tout droit vers une comédie romantique auquel on ne croit que très modérément. Peut-être parce que l'alchimie entre Gardin et Lafitte est loin d'être une évidence, les deux acteurs, surtout le second étant trop peu dirigé, et que Marthe Keller apparait tellement peu que cela ressemble à du gâchis. D'accord, c'est un film a priori sympathique, auquel on ne souhaite aucun mal, mais le résultat sur l'écran ne vaut pas la BD qui aurait pu être écrite à partir des mêmes ingrédients. Née en 1987 et autrice de plusieurs courts-métrages remarqués, Céline Devaux a cependant tout le temps de prendre sa revanche vis-à-vis des vilains critiques de son premier long-métrage.