Sous le caprice du mariage...

Mais que nous veut cette comédie familiale parisienne sous ses airs de pitre, ses jeux d'acteurs (qui se tiennent plutôt bien) et son intrigue alléchante ? Le spectateur est bien installé : l’œil dans la serrure, l’oreille contre le mur mitoyen et en avant les histoires de la famille moderne. Le scandale se déroule comme convenu… Jusqu'à qu'un malaise s'installe à mi-chemin et ne nous quitte plus jusqu'à la fin. (Attention Spoilers) Un virage d'une violence grandissante qui écharpe les étrangers à cette famille, à savoir ces deux figures-tampons qui n’auront dans l’après-coup d’autre fonction que de maintenir les liens du mariage intacts. Mais à quel prix ? Insultés, battus, humiliés, la maîtresse de Monsieur et l’amant de Madame finiront gommés du dernier chapitre de cette drôle de farce et n’auront pas le droit à la parole. Sidérés, séquestrés par le chantage et les sentiments, aucune issue ne leur est attribués dans la narration, les désignant de fait comme des boucs émissaires sacrifiés sur l’autel du familialisme. Sommes-nous dans une sorte de comédie-défouloir, est-ce censé être plaisant ? Ou est-ce l’intention du réalisateur et du scénariste de nous surprendre avec cette implacable peinture des temps modernes qui nous renvoie à nos travers de gens civilisés ? Le film se referme sur un poème érotique déclamé par la doyenne. L'aspect subversif résulte (non pas dans l’impudeur du poème dans le contexte), mais plutôt dans la célébration de l’union entre désir et amour au « bon endroit ». Là où se couche les gens mariés qui écrasent de tout leur poids le corps étreint de leurs amants bien rangés sous le caprice du mariage.