Une comédie paresseuse et proche du téléfilm qui n'exploite que trop peu son potentiel comique.

Il est toujours quelque peu frustrant de constater qu’une comédie qui partait avec un potentiel de réussite plutôt élevé pour nous faire rire soit sabordée de la sorte avec un traitement paresseux et inadapté. Le postulat semblait pourtant d’une efficacité redoutable pour lancer une bonne petite comédie populaire dans le bon sens du terme, tirant un peu vers le vaudeville. Jugez plutôt : suite à un malentendu, un homme marié et sa femme, formant un couple bourgeois sur le déclin, vont se retrouver dans leur maison de campagne avec leur amant et maîtresse respectifs, mais aussi leurs enfants, venus faire la fête pensant que la maison serait vide, et les parents de l’épouse qui, eux, croyaient à des cambrioleurs. Tout ce beau petit monde va devoir faire face à l’adultère du couple. Une idée propice à un comique de situation échevelé, à des possibilités de gags infinis et des quiproquos en série. Et bien c’est tout le contraire qui va se passer avec « Tout nous sourit ». Melissa Drigeard tente de rendre son long-métrage supposément moins léger et superficiel en y injectant une bonne grosse dose de tendresse, à la limite du drame. On ne peut nier que ce versant soit un peu plus réussi et la tirade d’Émilie Caen en sœur blasée par l’amour en est l’exemple parfait. D’ailleurs c’est ce second rôle le plus réussi et le mieux joué. L’actrice de « Qu’est qu’on a fait au bon Dieu? » montrant un jeu d’une justesse indéniable en très peu de scènes. Il y a donc des beaux moments touchants mais le problème et qu’on n’est pas venu pour cela et que le côté comédie manque singulièrement d’humour et d’occasions de rire.

Déjà, l’entame de « Tout nous sourit » fait un peu peur et se dirige dangereusement vers le mauvais vaudeville avec amant ou maîtresse dans le placard et on ne croit pas vraiment aux situations. En voulant faire réaliste, la cinéaste se tire une balle dans le pied et évacue la plupart des occasions de rire. Une fois tout ce petit monde installé, on se dit que les vacheries et les malentendus vont pleuvoir et nous faire rire. Mais, après ce démarrage laborieux, les réelles occasions de se fendre la poire sont très rares. Une réplique ou deux par-ci et un pétage de plomb par-là font vaguement sourire mais on est plutôt ennuyé la plupart du temps. Certains personnages sont agaçants (la fille) et Elsa Zylberstein dans le rôle principal est la plupart du temps en surjeu quand elle tente de faire rire. Son personnage est presque caricatural et dénote de l’ensemble. Dans cette comédie dramatique, on croit que ça va exploser (ou plutôt on l’attend) mais cela n’arrive jamais, le film abandonnant vite ses velléités comiques pour se diriger vers le pathos et l’émotion. Quant au final lors du concours de poésie en forme de happy-end, il est presque vulgaire et gênant. « Tout nous sourit » est donc décevant et avare en véritables occasions de rire alors que c’était le promesse avouée et initiale du film. Un film qui ressemble d’ailleurs plutôt à un téléfilm lamda du type « Une famille formidable ». Dans le genre comédie de groupe au bord de la crise de nerfs, on a donc déjà vu bien plus réussi. Un film oubliable, dispensable et qui rate sa vocation première même si on ne peut pas dire non plus que ce soit déplaisant.

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