Emanuèle et Pascale Bernheim doivent gérer leur père après un AVC. Mais, contre toute attente, ce dernier leur demande de l’aider à se suicider, ne pouvant supporter sa condition fragile…
Inspiré d’une histoire vraie, ce film est probablement le premier film sur l’euthanasie que je regarde qui traite avec justesse son sujet. Il faut dire que je ne suis plus à l’école catholique où on tente de me convaincre que mettre fin à la vie, c’est un meurtre, et je ne suis plus en train de regarder des chef-d’œuvre (grattement de gorge désagréable) comme Avant Toi qui joue sur des clichés abléistes et superficiels pour essayer de nous pondre une histoire d’amour tragique.
Bref, enfin un sujet qui parle du suicide assisté pour ce qu’il est et non de sa vision manichéenne !
François Ozon prend pour une fois le partie de faire très simple, très naturel, peut-être même trop simple, trop naturel. Disons que le plan le plus compliqué est un panoramique. Alors, certes, certains sont parfois plus complexes qu’on ne le croit mais il risque d’y avoir des déçus du style « Ozon ». Personnellement, j’apprécie quand il ne fait pas des trucs trop alambiqués, mais je comprends l’impression « téléfilm » que certains de mes camarades ont eu au visionnage.
Là où par compte, je trouve que ça pêche plus, c’est bien le scénario. Le fait qu’il ait été aussi proche de l’autrice a dû jouer dans sa conception du scénario car il a cherché à montrer beaucoup d’éléments de son histoire, quitte à introduire des choses qui ne servent à rien, pire ! qui desservent l’action, car elles n’ont jamais plus une quelconque utilité scénaristique. Je sais que ça doit être atroce à entendre pour lui mais beaucoup des éléments concernant la relation toxique du père avec ses filles étaient déjà facilement sous-entendus dans sa mise en scène, donc tout ce qui rapporte à la boulimie d’Emanuèle, le mal-être de Pascale, leurs relations amoureuses, etc. aurait dû terminer à la poubelle de montage ! Ces mini-scènes qu’on ne reverra jamais sont d’autant plus frustrantes, qu’elles finissent par gêner la pertinence du récit. Pire ! On ressort en se posant des questions, non sur l’euthanasie mais sur le père, dont l’homosexualité refoulée ne sera jamais correctement montrée.
Pareil : les conflits qui émanent d’Emanuèle et de sa sœur face à leur père ne serviront jamais à rien car ils resteront sous-exploités jusqu’au bout. Si dans la vraie vie, il est normal de ne pas exploser dans un moment difficile, afin de ne pas accablé le mourant, dans un scénario des éléments introduits doivent servir à quelque chose ou sinon on est aussi frustré que devant un Godard… Comme je ne pense pas qu’Ozon voulait faire son Mépris avec ce film, il aurait donc dû être plus conventionnel et, au moment du troisième acte, faire une dispute qui se mue en réconciliation car sinon, on s’emmerde un peu au visionnage !
Encore heureux que le casting est bon, notamment Sophie Marceau jamais sublimée comme désir, comme elle a pu l'être auparavant, mais comme être humain, ce qui fait toujours plaisir à voir. J'ai beaucoup apprécié l'effort qu'ils ont fait pour trouver quatre personnes qui se ressemblaient à peu près pour passer pour une famille...
Bref, un bon film qui traite avec justesse d’un sujet pas facile mais qui s’égare un peu trop et qui serait probablement passé un peu inaperçu s’il n’avait pas eu un tel réalisateur à sa barre…