Le mockumentaire ou faux-documentaire est un exercice de style qui peut être intéressant s'il est bien fait. En général, plus il est crédible, plus le spectateur y croit. La preuve avec le cas Cannibal holocaust (1980), son réalisateur Ruggero Deodato ayant dû se justifier devant la justice au vue de certaines scènes du film. Dans le domaine de la comédie, on retiendra le rock'n roll This is Spinal Tap (Rob Reiner, 1984) ou le kazakh Borat (Larry Charles, 2006). Tout simplement noir va dans cette optique, à la différence que les acteurs jouent leurs propres rôles en s'amusant de leur image et même de leur statut. Selon Jean-Pascal Zadi et John Wax, il y a eu plusieurs désistements (certains ne voulaient pas montrer des éléments particuliers à l'image, d'autres comme Michel Leeb n'étaient plus disponibles). De même, certains producteurs ont également dit non, en rapport avec le sujet ou le personnage de Zadi.
Il faut dire que Zadi et Wax n'y vont pas de mains mortes avec le héros ou les guests, n'hésitant pas à montrer les personnages face à leurs contradictions. Le jeu de massacre atteint même des sommets dans la scène avec Ramzy et Melha Bedia, confrontant juifs, musulmans et noirs pour un chaos jubilatoire et explosif. Des scènes comme ça, le film en est rempli (cf l'affrontement entre Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste), s'avançant souvent vers des terrains glissants tout en restant justes.
C'est d'ailleurs ce qui rend le film si intéressant. Tout simplement noir est drôle, mais pas que et parfois les situations sont si cocasses qu'on ne peut s'empêcher de rire. A l'image de Mathieu Kassovitz jugeant de ce qui est assez africain ou pas et n'hésitant pas à utiliser les méthodes des esclavagistes pour caster JP.
Zadi se tourne en ridicule tout le long du film, imposant un personnage ridicule, souvent offensant envers les autres sans s'en rendre compte (ce qui rend certaines scènes encore plus drôles), mais également manipulé de la pire des manières. Fary incarne un personnage génialement méprisable et manipulateur, n'hésitant pas à se montrer comme quelqu'un de propre sur lui tout en humiliant Zadi, n'admettant jamais ses erreurs, tout en cumulant dans ses œuvres tous les clichés possibles qu'il dénonce soi-disant dans les médias. Ce qui vaut là aussi un lot de scènes jubilatoires où la caricature fonctionne.
Tout simplement noir est le récit d'un échec, celui de rassembler des mêmes personnes autour d'un événement ou une cause, celui d'un homme se rendant rapidement compte que son idée va être plus dure à concrétiser que prévu au vue des intervenants qu'il rencontre. Ce qui rend le parcours de JP d'autant plus pertinent et intéressant. Le premier gros film du déconfinement est français et il serait bête de le rater dans les salles (d'autant qu'il n'est pas très long).