On trouvera certainement des défauts à cette comédie française mais cela redonne confiance aux jeunes auteurs. La légèreté n'empêche pas la question de fond et l'importance du langage, de nos a priori bien tenaces et de notre condescendance aux fautes du verbe récurrentes, le tout, en tapant là où ça fait mal...
L'accumulation de sketches pour servir le propos de la place des noirs en France et la lutte contre les inégalités, aurait bien mérité plus d'acidité et moins de lourdeur par instant. Exit la violence pour une satire finalement bienveillante. C'est rafraîchissant et jubilatoire. Les attitudes récurrentes de JC acteur raté en mal d'action, visent l'enchaînement de gags et n'est pas toujours du même niveau, malheureusement mais c'est souvent le lot du film à sketches. Jouant de confusion, d'incompréhension, de malentendus et bien sûr de clichés pour désamorcer la dénonciation, l'ensemble est jouissif et Zadi assure quelques vrais bons moments, jouant sur tous les fronts avec entrain.
Alors si la mise en scène hésite entre cinéma et vrai faux documentaire, l'humour est souvent présent. Une fois que JC nous aura informer qu'il veut faire une grande marche, sans trop savoir lui-même quel en sera le but, on naviguera alors dans le monde de Oui Oui version showbiz pour un melting-pot de personnalités s'invitant à la question épineuse de mais qu'est ce donc que l'identité noire ? Il devra s'appuyer sur des personnalités de la communauté pour mener à bien son action et décide de se faire filmer dans ses déambulations et de rencontrer les soutiens potentiels tout en mettant les pieds dans le plat par sa candide maladresse qui en hérissera un certain nombre.
Un film léger qui ne rejoindra pas la problématique de la violence franche, -même si la police en prend aussi pour son grade- mais évite en même temps le pathos qui s'y rattache. Ce sera alors tout un éventail de propos perspicaces, d'arguments et contre arguments, et de situations souvent décalées où le mot africain englobera avec largesse toute ses déclinaisons et ses complications, avec ses représentants pas toujours aptes à accepter leur identité ou celles des autres.
Qu'est ce aussi, que le vivre ensemble ? peut-on faire une manifestation qu'avec des noirs ou faut-il accepter, les arabes, les juifs et pourquoi pas les femmes et les blancs ? Épineuse question à laquelle sera confrontée JC. L'aspect documentaire marque chaque rencontre et amène son lot de représentations parfois caricaturales mais souvent bien senties. JC se heurtera constamment à ses interlocuteurs bien remontés face à un JC, aux fautes de goûts constantes s'emmêlant les idées pour l'effet inverse à l'unité : anti-écologiste, misogyne et à la volonté plutôt floue mais toujours de bonne volonté.
Avec toutes les contradictions des uns et des autres par la récurrence de situations, on se régale du besoin de reconnaissance d'un Fary opportuniste, du cliché tribal par excellence avec le différend racial entre F.Eboué et LJean-Baptiste se terminant par une attaque à la hache, d'une invitation sournoise d'un Dieudonné en planque, ou encore d'un M.Kassovitch toujours parfait, en metteur en scène excité, mesurant les narines de JC, ou d'une certaine idée du communautarisme par un Ramzy venant enfoncer le clou, apte à la cohésion mais avec certaines limites...
Toute la gamme des comportements marquant la difficulté à être toujours assis le cul entre deux chaises et toute la complexité de la question.
Un bon moment.