Il y a deux films en un, le premier, réellement passionnant, visuellement stimulant, c'est le récit de la vie et de la carrière de Nan Goldin, c'est singulier, c'est touchant, c'est original, c'est drôle et les photos sont véritablement impressionnantes sur grand écran. Le second qui est enchevêtré à celui ci, c'est le récit de sa lutte contre la famille Sackler qui est responsable de la crise des opioides aux USA. Multi milliardaires, ils ont vendus des médicaments qui rendaient accrocs. Et là, j'ai un gros problème idéologique avec le film surtout sa fin qui est marquée par des scènes de congratulations des militants qui se félicitent de voir le nom Sackler supprimé d'un musée. Dans le même temps la famille Sackler n'a pas perdu d'argent, ils ont échappés à toutes poursuites judiciaires et les victimes d'addictions continuent de mourir. Cette auto congratulation de la bourgeoisie artistique qui se perçoit comme ayant été la force victorieuse alors que leur seule "victoire" c'est d'avoir effacer un nom dans des musées m'est insupportable. Il est il me semble impensable de parler pendant 45min de cette crise sanitaire sans jamais évoquer l'absence de sécurité sociale et la responsabilité du corps médicale : des médecins ont surpréscrits des anti douleurs qui rendait accrocs. Ne pas mettre en cause le fait que si les américains consomment des anti-douleurs c'est par ce qu'ils ne sont pas soignés et ne pas dénoncer la cupidité des médecins qui prescrivent des médicaments qu'ils savent dangereux par ce qu'ils sont payés par des labos crapuleux pour le faire je trouve ça problématique. De plus d'un point de vue graphique cette partie n'a aucun intérêt, les plans à l'iPhone tous plus inconséquents les uns que les autres se succèdent jusqu'à cette "séquence émotion" musique qui fait peur à l'appui de cette militante en pleur car elle se fait espionner : scoop quand on est militant.e on a souvent à faire à des barbouzes... Bref, il y a un grand film dans Toute la Beauté et le sang versé mais il est noyé dans un documentaire sans réel intérêt qui souffre d'un réel manque de fond politique, l'auto congratulation crasse de la fin du film annihile toute forme de rébellion et la radicalité qu'un tel sujet devrait susciter.