Photographe américaine de renom, Nan Goldin a pris pendant plus de 40 ans des clichés de son quotidien, ses proches, et son environnement. Marquée par le suicide de sa sœur aînée, dont les parents rejetaient violemment l’homosexualité, la jeune femme va alors s’engager dans les milieux artistiques underground de Boston et New York, y découvrant notamment l’émergence de la culture drag. Côtoyant de près les milieux de la drogue et de la prostitution à Manhattan des années 1970 à nos jours, l’artiste déploie une œuvre plurielle et militante, portraits crus et intimes d’une Amérique à la marge. Témoin des ravages du sida dans les années 1990, la photographe militante subit au début des années 2000 les conséquences dramatiques de l’OxyContin, un opioïde hautement addictif et responsable de plusieurs centaines de milliers de morts aux seuls États-Unis, dont elle devient rapidement dépendante. Sauvée par une douloureuse cure de désintoxication, Goldin se lance alors dans un combat cervantesque contre les Sackler, la dynastie familiale responsable de la popularité mortifère du médicament opiacé qui lave ses péchés dans un mécénat agressif à travers les plus grands musées mondiaux. Entremêlant les extraordinaires diapositives de la photographe à un travail documentaire classique, Laura Poitras trace un portrait touchant de cette grande artiste américaine. Malgré une narration excessivement lente et bipolaire, déchirée trop nettement entre le parcours individuel et artistique de la photographe et l’engagement politique contemporain contre les cruels géants de l’industrie pharmaceutique, le dernier long-métrage de la réalisatrice américaine apporte un regard bouleversant d’optimisme sur le militantisme américain, pourtant confronté au rouleau compresseur capitaliste.