Il y a 3 niveaux dans ce beau documentaire habilement construit, et bien que le voyage soit un tout petit peu long, le résultat est un film sensible & sensuel.
Au premier niveau nous retrouvons Nan Goldin qui refait surface suite à une décente aux enfers de l'addiction aux opioïdes, accident de vie devenu tragiquement banal dans une Amérique soumise au capitalisme débridé et ses contres-vérités enrobée dans un marketing efficace.
Lorsque l'artiste commence à tirer sur les fils de cette macabre toile tissée par la famille Sackler, ainsi que le réseau de blanchiment de conscience qui s'est enraciné dans les plus prestigieux musées du monde, elle organise autour d'elle un réseau d'action directe inspirée d'Act Up pour tenter de faire bouger la ligne.
Cette lutte prend racine dans l'oeuvre et la vie de cette artiste majeure de la photographie. C'est donc au deuxième niveau du film que nous écoutons Nan Goldin raconter son parcours de vie pendant que nous regardons son oeuvre à la manière d'un carousel de diapositive, ce qui a été le dispositif important de sa création.
Les photos sont puissantes et racontent les vies ordinaires et extraordinaires d'un monde merveilleusement queer, caché, secret. Vies, amitiés, amours, beautés, sexes, fêtes, drogues, combats, maladies & morts, le travail de Nan Goldin montre tout cela à la fois dans un travail profondément polysémique, entre rêve et réalité, C'est une oeuvre entre histoires et Histoire, unique et universelle à la fois, et donc indispensable.
Ce carousel de diapositives se boucle donc et le film se retourne sur son histoire familiale bouleversante qui suggère la fascination de Nan Goldin pour le caché.
Au delà de la résolution pas tout à fait suffisante du combat contre la famille Sackler - la grande Histoire - un puissant message de pardon semble émerger dans la petite histoire.
Un beau film sur une artiste majeure ainsi que son oeuvre très importante.