Du cinéma naissant en passant par les deux guerres, Claude Lelouch remonte le siècle à grandes enjambées. Toujours à relater des destinées nées dans les drames -en l'occurrence celle d'une famille juive- , le cinéaste semble en faire un procédé romanesque redondant dans ses films (je viens de revoir "Les uns et les autres"). "Toute une vie" met en exergue une phrase de Tristan Bernard "Les hommes sont sincères mais il change souvent de sincérité". On peut se demander, à voir Lelouch reproduire l'Histoire, si son style romanesque est toujours sincère...
Le récit du cinéaste se fixe dans les années 60 au cours desquelles on assiste en parallèle -en attendant que leurs cheminements se croisent inéluctablement- à l'existence de Sarah-Marthe Keller, fille d'un riche industriel, qui cherche sa voie autant que l'homme idéal, et d'André Dussolier, petit délinquant en route vers la rédemption par le cinéma.
Le film est riche des aphorismes habituels de Lelouch sur la vie; ils sont brillants ou maladroits selon l'inspiration de l'auteur. Son film parle d'engagement et de valeurs, accessoirement du sort d'Israël, mais il est bien difficile d'en tirer un enseignement satisfaisant parce que le sujet du cinéaste ne parvient pas, bien qu'il semble viser à l'universalité, à s'extirper d'un anecdotisme romantique superficiel. Notre seule attente, conformément à l'intention de Lelouch, devient le moment et le lieu où Sarah et Simon se rencontreront. A part ça, Marthe Keller -rôle central- a bien du charme.