Constat savoureux : il y a beaucoup d'analogies entre faire un film et tenter une recette de cuisine...
Personnages avec leurs essentiels ingrédients de caractère :
- Un jeune flic français, aussi naïf qu'intègre.
- Un homme d'affaires suisse, autrement dit à démasquer comme trafiquant.
- Sa femme, pour l'inusable registre amoureux.
- Un flic d'Interpol, du genre manipulateur.
- Un second, logiquement tel un double.
- Un chauffeur-tueur, loyal et implacable comme il se doit.
- Une jolie banquière avec du coffre, au propre comme au figuré.
Faire mijoter 1 h 47 à la sauce érotico-psychologique qui fait la spécificité de la filmographie de Michel Deville.
Le résultat est un consistant, mais pas du tout indigeste "Duel" policier et policé !
C'est bien une lutte mortelle qui s'engage sous le vernis de politesse, de respectabilité, avec quoi on magouille sans faire de vagues près du Lac Léman. Duel si policé, si aimable, entre le jeune flic et le truand que naît une complicité autour du désir alimenté par l'énigmatique et magnétique femme du second. Vérités et mensonges entremêlés jusqu'à la fin...
Voilà un film fort sur la manipulation.
On peut, certes, le trouver bavard et froid.
Dommage alors pour :
- Les dialogues ciselés, percutants à la place de flingues !
- La mise en scène toute en élégance neutre.
- le jeu d'acteurs, réglé comme une montre suisse !
Jacques Dutronc, efflanqué, en gros bonnet de la drogue usé et désabusé, est dans son registre devenu de plus en plus bankable.
Patrick Bruel ose, avec ce qu'il faut de talent, dérouter les groupies de "Patriiiiiiick" !
Et Mathilda May appuie un rôle moins étoffé en érotisant ses jupes, son corps et son regard four d'allumeuse à thermostat 10 !
Beau trio, plus de vrais seconds rôles, à remarquer.
Oui, un film de Deville, et celui-là en particulier, ça en vaut la peine !