Il existe une filiation évidente entre ce film et "Péril en la demeure", qui le précède de 7 ans dans la riche filmographie de Michel Deville.
Les mêmes irruptions de fantaisie, d'absurde, d'érotisme et de violence, les mêmes jeux sur les dialogues et sur le montage, au sein d'un scénario de polar psychologique qui mêle inextricablement les destins de ces protagonistes.
La principale différence réside dans l'atmosphère de ces deux œuvres, "Toutes peines confondues" s'avérant nettement plus froid et plus sombre (à l'instar de la musique dissonante de Chostakovitch) que son prédécesseur, lequel bénéficiait d'une tonalité volontiers légère.
Surtout, "Péril en la demeure" évoluait sur un fil ténu, parvenant miraculeusement à maintenir un équilibre entre ses différents ingrédients, là où son successeur n'évite pas les mauvaises chutes, certaines maladresses et fautes de goût menaçant sérieusement l'harmonie de l'ensemble.
Déjà, on est bien obligé de souligner l'erreur de casting que représente Patrick Bruel : ce dernier peut parfois se montrer efficace dans certains rôles lorsqu'il est bien dirigé, mais ce n'est pas le cas ici hélas, et sa prestation flirte parfois avec le grotesque.
Lorsqu'on sait que Jacques Dutronc tire la gueule tout au long du film, et que Mathilda May n'a jamais été une grande actrice, on aura saisi que l'interprétation n'est pas le point fort de "Toutes peines confondues".
On pourra toutefois se consoler avec les seconds rôles, qui tentent de tirer leur épingle du jeu, à l'image de Vernon Dobtcheff, Bruce Myers ou Sophie Broustal, en sachant qu'un très jeune Benoît Magimel apparaît dans deux scènes.
Si l'on ajoute que le scénario tortueux (adapté d'un roman noir de l'américain Andrew Coburn) n'apparaît pas franchement limpide, on comprendra que "Toutes peines confondues" ne fait définitivement pas partie des plus belles réussites de Michel Deville (et ce malgré une mise en scène toujours soignée), tourné dans la dernière phase de sa carrière - pas la plus féconde il faut bien le dire...