Premier opus d'une trilogie parfaite
Mars 1996. Ma mère m'amène au cinéma, je suis assez âgée pour ne pas me trémousser dans mon fauteuil mais assez jeune pour ouvrir des mirettes grandes comme des soucoupes. Devant nous, au creux de mon cinéma préféré (maintenant disparu), Toy Story d'un certain John Lasseter. Tout en images de synthèse ahurissantes, il transpire l'imagination d'un adulte de 8 ans et la nostalgie d'un enfant de 40. Il fourmille d'un humour irrésistible (vu en VF uniquement) et se déroule dans un rythme effréné. Je ressors de la salle avec un sourire scotché aux lèvres, ébouriffée par ce que je viens de voir.
J'avoue que ce jour-là, en rentrant j'ai chez moi, j'ai ouvert mon placard rempli de peluches, de Barbies et de Petits Malins que j'ai reluqués d'un drôle d'air. Avec le recul, je suis quasiment persuadée qu'en refermant la porte, j'ai perçu un chuchotement dans l'obscurité du placard...
15 ans plus tard, je revois ce film (pour la quatrième fois sans doute). Je ne pourrais décemment pas dire qu'il n'a pas pris une ride parce qu'il est indéniable qu'en 15 ans, les prouesses techniques en matière d'animation ont été phénoménales. Alors, quelques petits défauts sont venus (très légèrement bien sûr) égratigner mon si joli souvenir : les humains ressemblent par moment à des Sim's et les yeux de Scud (le chien) sont absolument horribles.
Mais qu'importe, Toy Story est un film quasi parfait, démarrant en trombe une trilogie absolument fabuleuse sur l'univers des jouets et de l'Enfance. Il est merveilleux car juste, jusque dans ses moindre détails (et que dire du 3... Mais chhhuutt...). Nous avons tous posséder au moins un de ces jouets : du Télécran, au Monsieur Patate, en passant par ce jouet insignifiant et vieillot qui traîne au fond du coffre entre le Yo-Yo et la corde à sauter. L'univers est totalement réconfortant et surtout assez universel ! Logique, on est dans la chambre d'un petit Américain, tout vient de chez eux !
L'histoire est jouissive car elle mêle les aventures de personnages et leur petitesse par rapport au monde qui les entoure. Déjà qu'être perdu au milieu de la ville n'est pas facile, mais imaginez que vous mesuriez 25 cm de haut ? Le film devient terrain de jeu et réservoir de trouvailles. Pour ma part, je suis absolument fan de la scène des petits soldats au début du film, qui ont pour mission de découvrir quels sont les nouveaux jouets qu'Andy a eus en cadeaux pour son anniversaire.
Et que dire des dialogues savoureux, remplis d'humour. Personnellement, j'ai dû relever au moins dix phrases cultes, ma préférée étant sans nul doute « Je suis tellement content que tu n'sois pas un dinosaure ! » (Merci la VF !).
Le film prend un second souffle lorsque Woody et Buzz, les deux héros, se retrouvent chez Sid, un jeune garçon qui torture les jouets. Ils rencontrent alors de nouveaux jouets, complètement monstrueux, qui, tels des créatures de Frankenstein, ont été démembrés et réassemblés pour devenir des objets repoussants et non plus de sympathiques poupées ou figurines. D'abord menaçants, ils vont devenir de précieux alliés.
Et que dire de la fin, qui jusqu'au bout entretient le suspens insoutenable de savoir si oui ou non, Woody et Buzz retrouveront leur ami Andy, le petit garçon qui a écrit à jamais son nom sous leurs semelles. Je ne sais pourquoi mais cette fin m'émeut toujours.
Bien sûr, ce Pixar est avant tout un film pour enfants donc il délivre de beaux messages sur l'amitié, le pardon et le dépassement des différences, mais le tout s'intègre parfaitement à l'histoire sans jamais la rendre niaise.
Toy Story est donc un excellent film, qui pêche un peu par son âge, mais qui garde un charme fou et une fraîcheur à toute épreuve. Il sent bon l'Enfance. Et ça, ça n'a pas de prix.