Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

Il convient d’admettre que Toy Story 4 est, au bout du compte, un long-métrage miraculé à sa manière : parvenir à accoucher d’une bonne copie dans l’ombre du troisième opus est déjà une réussite en soi, mais il faut bien sûr prendre en considération la place qu’occupe désormais (et nous l’espérons de tout cœur) le film conclusif de la mythique franchise. Car au risque de faire écho aux réticences de tant d’autres, l’annonce d’un quatrième volet était aussi surprenante qu’inquiétante : pourquoi risquer de bafouer ce qu’avait si bien clôturé Toy Story 3, véritable pinacle du tomber de rideau parfait sous toutes ses coutures ?


Si le film de Josh Cooley, à qui John Lasseter laissa le soin de le réaliser, ne fait jamais mine de tirer sur la corde, gageons toutefois qu’il arrive peut-être « trop tard » : car en comparaison de ses illustres aînés, il s’en dégage finalement des allures d’épisode « transitif » qui aurait dû se dérouler plus tôt dans la saga... voire même autrement. Le passage de flambeau entre Woody et Buzz est éloquent en la matière, la symbolique de l’émancipation du premier cité se distinguant de tout ce qu’avait élaboré, avec soin, leurs précédentes aventures.


Fer de lance d’un groupe de jouets attachants à n’en plus finir, le dévoué cow-boy tire donc ici sa révérence : un dénouement pas forcément attendu à l’échelle de la franchise, mais clairement prévisible au sein de cette dernière intrigue. Tandis que l’on reprend conscience de la disparition passée de Bo, et que l’improbable Fork réalimente un univers enfantin en riches concepts, Toy Story 4 déploie finalement ce qui en fera la sève mais aussi d’indubitables limites : une aventure rondement menée, captivante comme divertissante, mais surtout une justesse émotionnelle moindre et une prévisibilité croissante dans son déroulé.


À l’image d’un Buzz réduit à un simple rôle de comic-relief, certes désopilant dans l’ensemble, la part belle faite à Woody et ses contradictions ne laissait guère de doute quant au propos de ce quatrième volet : dans la droite lignée d’une Bo dans l’ère du temps « féministe », le scénario aborde frontalement le sujet de la condition du jouet en tant que « simple » distraction passagère de marmots... en constante évolution. Si la quasi-totalité des péripéties font montre d’une redondance dans leur mécanique, quoique l’on puisse se réjouir d’une maîtrise palpable du rythme, on en retiendra donc surtout un certain fatalisme ambiant : le sort peu enviable du jouet nuançant par voie de fait les principes de nostalgie, d’attachement et de cycle/deuil que dépeignait la trilogie originelle.


Son vernis humoristique, notamment entretenu par Buzz ou les savoureux Ducky & Bunny, fait ainsi pâle figure face à pareille lecture « maussade ». La question étant alors de savoir si tel était le but de ce nouveau long-métrage de l’écurie Pixar, mais rien n’est moins sûr... pour le reste, quand bien même celui-ci ne nous prendrait pas aux tripes, ou ne serait pas aussi remarquable visuellement (la séquence la plus marquante figure au générique de fin, c’est dire) que son prédécesseur, le fait est que l’on ne boude pas notre plaisir. Le constat peut paraître paradoxal au regard des nombreux points suscités, mais il faut bien prendre en considération le fait qu’ils n’ont de sens qu’au regard de la tétralogie : pris en tant que telle, Toy Story 4 demeure une production largement au dessus de la moyenne.


Faut-il à présent s’en satisfaire ? Oui et non... clairement pas indispensable, ce long-métrage porteur de sentiments contradictoires est en tout cas une belle illustration du cas de la suite de trop, à ceci près que les conclusions hâtives ne devraient jamais être si « automatiques » : car s’il serait tentant de le classifier comme tel, Toy Story 4 ne permet pas de trancher clairement la chose... ce qui est déjà une victoire en soi.

NiERONiMO
8
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le 28 juil. 2019

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NiERONiMO

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