Si on excepte la photographie du film que je trouve vraiment particulière (mais toujours plus belle que certains films plus récent de Soderbergh tournés en numérique où il a fait lui-même la lumière), c'était vraiment bien. En fait j'ai l'impression de revoir Cartel de Scott, mais en réussi, où cette fois il y a réellement des enjeux clairs et explicites aux actions des personnages.
En fait Soderbergh arrive ici à peindre un portrait assez vaste et détaillé du monde des cartels de la drogue, que ça soit dans la lutte contre la drogue au sein de la famille, au niveau politique, au niveau de la police américaine, mexicaine et comment les mecs arrivent à s'en tirer malgré tout. Ici rien n'est réellement manichéen, parce qu'on ne peut pas agir dans le milieu, arrêter des gens sans que ça favorise un autre Cartel qui prendre la place de celui que l'on vient de démanteler. On a beau arrêter des gens, tant qu'il y aura des consommateurs il y aura de l'offre quelque part sur le marché.
Bref, j'ai trouvé que le film arrivait superbement à rendre toutes ces subtilités. Et c'est peut-être ce qui fait qu'on arrive à tenir face à un film aussi long et où il se passe si peu de choses. On a un film qui sait jongler entre ses différents personnages, qui arrive à les rendre attachant, Douglas avec sa fille, Don Cheadle avec la complicité qu'il a avec son coéquipier, Catherine Zeta-Jones avec ses embrouilles qu'elle n'a pas demandées. Reste juste Del Toro que j'ai eu plus de mal à cerner quel il jouait réellement, mais qui est assez charismatique pour réussir à porter son histoire sans que l'on baille.
J'aime ce côté film choral pour raconter cette grande histoire de la lutte contre la drogue, et qui se fait sans oublier de montrer les dégâts de la drogue, sans trop en fait non plus, sans être misérabiliste.
J'ai trouvé le film très bien dialogué, on a plein de répliques vraiment efficaces, le coup des deux lettres de Gorbatchev, le coup des 100 000 blancs qui vont demander de la drogue aux noirs ou bien encore la perte du pucelage de Don Cheadle.
Le film au lieu d'être déprimant, sans que la lutte soit terminée de manière naïve, arrive néanmoins à montrer un progrès, une lueur d'espoir, par l'amélioration des conditions de vie.
Bref un film à voir.