En 2000, le roi du monde dans le cinéma américain s’appelle Steven Soderbergh. Il enchaîne les réussites critiques et commerciales. Il lance alors un de ses projets les plus ambitieux, 9 mois après Erin Brockovich : Traffic.
Film fleuve de 2h30 contant 3 histoires sans grand rapport les unes avec les autres si ce ne sont les ravages du trafic de drogue, Traffic est une véritable leçon de mise en scène de la part de Soderbergh (qui n’est pour une fois pas au montage. Ça tombe bien, celui-ci est récompensé aux Oscars), qui parvient à mêler ces trois histoires sans ne jamais simplifier son propos ni même le rendre moralisateur à outrance et ce, durant 2h30 qui semblent passer comme un éclair. Car s’il est clair que le film est assez Straight Edge dans son idéologie (même si les 20 dernières minutes sont un peu plus mesurées), il n’est jamais simpliste, toujours passionnant et surtout visuellement splendide. Chaque histoire a son identité visuelle sans que cela ne soit trop choquant à l’image. En effet, l’histoire au Mexique est très jaune, celle de Wakefield très bleutée et celle des deux flics un peu plus classique. Avec sa réalisation exceptionnelle et son score, composé par le fidèle Cliff Martinez, Steven Soderbergh n’avait plus qu’à s’appuyer sur des acteurs concernés et au diapason. C’est le cas, avec une distribution fleuve qui s’appuie aussi bien sur des performances de Don Cheadle, Benicio del Toro (Oscar du Meilleur Acteur pour ce film, d’ailleurs), Michael Douglas mais aussi des seconds rôles qui ne font qu’une ou deux scènes, comme Peter Riegert, Viola Davis, Dennis Quaid ou encore Clifton Collins Jr…
Sans offrir de message optimiste ni même de porte de sortie, Traffic a pourtant convaincu spectateurs comme critiques cinéma, à juste titre, tant le film est une réussite, aussi cohérente que passionnante. C’est un chef d’œuvre.