Récompensé aux Oscars à raison, Traffic brille par sa réalisation. La photo est superbe, notamment grâce à ce filtre sépia « vintage » apposé à l'image lorsque l'action prend place de l'autre côté de la frontière Américaine. Les scènes se succèdent et se chevauchent avec une maîtrise du montage assez phénoménale. Benicio Del Toro et Michael Douglas sont parfaitement à leur place et forment le duo de choc d'un relai d'une nation à l'autre. La cohabitation de l'explicite et du non-dit confèrent une ampleur sans égale aux différents niveaux constituant le gros de l'intrigue.
En dehors de ça, trafic est plutôt lent, ce qui fait de lui un film difficile d'approche lorsqu'on est plus porté sur (ou habitué à) l'observation de junkies yankees défoncés que sur la conjoncture ramifiée de l'implication des mafieux et des autorités dans le trafic de drogue. Pour cela, Traffic est donc l'antithèse « mature » d'un Trainspotting tout destiné à un public majoritairement moins âgé. Évidemment, je schématise pour donner un aperçu clair de ce à quoi il faut réellement s'attendre : un thriller mené intelligemment, mais dont le principal défaut réside en un développement en surface de drames, au service de problématiques politiques sous-jacentes qui échappent pour la plupart au commun des mortels (= moi).
Il aurait donc été préférable à Soderbergh de trouver l'équilibre parfait entre le divertissement fast-food et l'essai cinématographique cérébral. Reste qu'il s'en approche, certes, mais le poids qui balance trop du côté de l'ennui fait qu'il n'emporte pas toute mon adhésion.