Dans le fond, Tragedy Girls a tout d’une comédie horrifique américaine et clichée ; du gore poussé à son maximum, un scénario pas vraiment consistant, bref, des films comme ça, il y en a à la pelle (et ils sont, pour la plupart, terriblement mauvais). Pourtant, s’il y a bien un film qui s’est démarqué de la sélection du BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) de l'année 2018, cadre dans lequel j'ai eu l'occasion de le voir, c’est bien celui-ci. Le pitch n’est certes pas autant développé qu’il aurait pu être, mais il n’en reste pas moins un bon long-métrage que nous offre Tyler Maclntyre (Patchwork).
Tragedy Girls raconte comment deux amies sociopathes décident de commettre une série de meurtres suivant le modus operandi d’un tueur qui terrorise leur ville, tout ça dans le but d’alimenter leur page Twitter et de gagner plus de likes. En gros, ce qu’elles veulent, c’est faire le buzz. Même si ça signifie tuer l’entièreté de leur collège (y aurait-il une légère référence à Carrie dans la dernière partie du métrage?). Brianna Hildebrand (Sadie) et Alexandra Shipp (McKayla), les deux têtes d’affiche, sont la principale raison du génie de ce film. Elles s’amusent, et ça se voit. Ces deux jeunes filles ont l’air cool dans n’importe quelle situation, même les plus critiques, et leur air dédaigneux de filles parfaites dérange…mais on les adore. Le talent des deux actrices principales donne une force peu commune au film, ce qui rythme le tout, et donne une dimension affreusement réaliste et réelle à cette tuerie motivée par leur fascination face la mort elle-même. Les acteurs secondaires (Josh Hutcherson, Kevin Durand, …) méritent, au passage, d’être salués, pour avoir tous été aussi convaincants que nos deux demoiselles.
Le seul hic, c’est que le message que le réalisateur veut faire passer à travers ce film ne ressort absolument pas. Les références aux films connus de la pop culture sont vides, semblent avoir été mises là dans le seul but de plaire aux spectateurs. L’avertissement que donne Maclntyre à la jeunesse d’aujourd’hui face aux dangers d’Internet et des réseaux sociaux tombe à plat. Tout est beau, bien filmé, le ton est juste, la recherche au niveau de la colorimétrie est très intéressante (le flashy est au programme), mais il manque quelque chose qui aurait pu faire de Tragedy Girls une vraie perle du cinéma et du genre horrifique. Le film est bourré de rebondissements, de scènes bien trash, de haine et d’humour noir, mais il ne sonne pas moins creux, et nous laisse sur notre faim.