Le but de cette critique n'est absolument pas d'être objective. Et pour cause, c'est juste impossible pour moi de l'être, pas pour BBC Sherlock.
Cette série est pour moi ce qui pourrait être qualifiée de "comfort show". Pour les personnes peu habituées aux expressions anglaises, je dirais simplement que c'est une série que j'ai regardé beaucoup de fois, et que je regarderai encore et encore, même si je connais tout par coeur. Il faut que je précise que lorsque je parle de BBC Sherlock avec autant d'amour, c'est que j'ai en tête les 3 premières saisons et l'épisode spécial The Abominable Bride. La saison 4 n'a juste ... pas marché sur moi. Je n'en parlerai pas ici, car je veux rester brève. Et pourtant, même si je n'ai pas accroché à la saison 4, je lui ai tout de même mis un 10.
Des adaptations des histoires de Sherlock Holmes, il y a des tonnes. Autant en livres qu'en films qu'en séries. On pourrait se dire que c'est un pari risqué de rajouter encore une pierre à l'édifice, surtout en changeant carrément d'environnement pour l'adapter à notre époque. Mais les doutes sont dissipés, en tout cas l'ont été pour moi, quand on sait que les créateurs, surtout Mark Gatiss (qui a écrit la plupart des épisodes d'ailleurs) mais aussi Stephen Moffat sont des fans invétérés de cet univers. Cette série n'est pas faite pour l'argent, elle est faite avec le coeur, par des passionnés. Il suffit de les entendre en parler. Ils proposent ici une réinvention de Sherlock Holmes, un Sherlock moderne, porté par Benedict Cumberbatch qui a su prouver tout son talent. Comme tous les fans le savent, le plus important dans cette histoire, c'est le duo Holmes-Watson. S'il n'y a pas d'alchimie, alors ça ne prendra pas. Mais Cumberbatch et Martin Freeman sont incroyables, de très bons acteurs qui montrent une palette d'expressions impressionante. Au fil des saisons, nous voyons la relation entre Holmes et Watson, les différents ennemis qu'ils rencontrent, comme Jim Moriarty, complètement transformé dans cette version et joué à la perfection par Andrew Scott, qui apporte un côté sombre, dérangé et pourtant presque comique au "Napoléon du crime".
Mais ce qu'il y a de plus beau dans cette série, et peut-être ce qui rend les épisodes si intéressants, ce qui suscite l'intérêt, c'est bien comment le personnage de Sherlock Holmes évolue. Comment il devient, au fil du temps et grâce aux personnes qu'il autorise à s'immiscer dans sa vie, plus humain. Et c'est ça qui fonctionne : le but de cette série est, à l'instar de The Private Life of Sherlock Holmes (par ailleurs film préféré de Gatiss lui-même), de montrer l'homme derrière le mythe, qui est vraiment ce détective, quelles sont ses motivations, est-ce qu'il est capable d'aimer, a-t-il des ami·es ? Cette humanité est cruciale, et nous porte, pendant 4 saisons + 1 épisode spécial, et si elle commence par être insufflée par les autres personnages comme Watson, Mrs. Hudson ou encore Greg Lestrade, elle finit par venir de Sherlock Holmes lui-même.
Une vraie pépite de série, écrite avec intelligence, maniant à la perfection humour, choc, tristesse et moments de tension. Et pour celleux qui auraient vu la série et qui n'en ont pas eu assez, les scriptes de tous les épisodes sont disponibles, et permettent de se rendre compte encore plus du travail magistral et surtout passionné et investi du duo de créateurs. Foncez.