Habituellement, mes 10/10 ne sont pas très objectifs. Ce n'est pas le cas ici.
Les séries anglaises sont réputées pour êtres originales et brillantes, et Sherlock en est l'exemple même. Qui aurait cru qu'une mini série retraçant les aventures du plus célèbre des détectives au 21ème siècle pourrait marcher? On aurait plus tendance à crier au blasphème, mais non. Il fallait être un génie pour mener ce projet à bien sans détériorer l'oeuvre originelle de Conan Doyle, et Steven Moffat et Mark Gatiss l'ont fait.
Si le grand Sherlock Holmes avait vécu à notre siècle, c'est probablement comme ça qu'il serait. On remplace les drogues et autres substances par des patchs à la nicotine et des cigarettes, un livre autobiographique par un blog (tenu par Watson) relatant les enquêtes de notre détective, une Irene Adler "Dominatrix" qui foutra une raclée à Holmes (littéralement), un Sherlock toujours aussi dédaigneux envers l'astronomie, un Watson vétéran de la guerre en Afghanistan, un chien des Basverville aux abords d'une base militaire etc. Mais grâce à un scénario ingénieux, Sherlock ne perd pas de sa superbe et les personnages sont extrêmement fidèles aux personnages de base. Quelques clins d'oeil à l'époque de l'oeuvre originale également: on retrouve le très célèbre chapeau de Holmes, l'adresse 221B et des énigmes loin d'êtres élémentaires le tout surplombé par un fil conducteur: le combat psychologique entre les seuls détective et criminel consultants au monde, Holmes et Moriarty.
Le succès de cette série au Royaume Uni (et dans d'autres nombreux pays) est aussi dû à ses acteurs, acclamés par les critiques, récompensés lors de cérémonies officielles, et stars montantes du cinéma (vous pourrez voir Freeman dans le rôle de Bilbo le Hobbit et Cumberbatch en dragon dans le Hobbit également, et en méchant du nouveau Star Trek, prochainement au cinéma).
Benedict Cumberbatch nous livre dans ces deux saisons une performance extraordinaire, déblatérant des dialogues sans fin à une vitesse incroyable, arrogant et prétentieux à souhait, "sociopathe de haut niveau" (comme il se décrit lui même) mais finalement extrêmement humain dans le fond.
Martin Freeman, incarne l'adorable John Watson, contraire même de son colocataire, associé et meilleur ami (qui le fascine et l'exaspère) : gentil, aidant, calme, il complète totalement la personnalité complexe et la sécheresse sentimentale de Sherlock, supportant ses caprices et insultes jours et nuits. L'alchimie dégagée entre ces deux personnages et ces deux acteurs est d'ailleurs l'une des raisons qui rend la série si attrayante. L'amitié profonde et grandissante entre Holmes et Watson est vraiment touchante, à tel point que certains personnages de la série les croiront en couple (chose qu'il n'était pas permise de croire à l'époque de Conan Doyle), ce qui amènera des situations vraiment drôles.
N'oublions pas la magistrale performance d'Andrew Scott dans son interprétation folle et déjantée de Moriarty, ennemi de génie à la hauteur de Sherlock. Les personnages secondaires tels que Mrs. Hudson, Mycroft (Mark Gatiss lui même), Molly ou Lestrade jouent parfaitement leur rôle également.
Deux saison à couper le souffle (malgré les seconds épisodes de chaque saison un peu moins bien -mais toujours de très haut niveau- que les autres), des effets visuellement beaux et ingénieux qui nous permettent de voir ce qu'il se passe dans l'esprit tordu (de génie) de Sherlock, du suspense, de l'humour, des émotions garanties, tout y est pour en faire une série parfaite. Même si la durée des épisodes peut paraître décourageante (90 minutes environ), les saisons ne comptent que trois épisodes (seul défaut que l'on pourrait trouver à la série) et le tout passe beaucoup trop vite. En espérant que la troisième saison arrive au plus vite, même si aux dernières nouvelles, elle ne sera pas diffusée avant l'automne 2013.
Alors, Sherlocked?
Le mot de la fin: la série (comme les plupart des séries british) est à voir en VO.
L'humour dégagé lors de la version originale se perd complètement dans la VF.