Une nana, jouée par Ava, retourne au bled, parce qu'elle a démissionné de son boulot à Chicago et se retrouve à court de pognon. Inutile de vous interloquer à ce sujet, vous n'en saurez pas plus au cours du film.
Dans son bled, elle possède une baraque qu'elle loue à la mère de son amour de toujours, qui a tout de même la quarantaine.
En fait je dis "son amour de toujours", mais leurs relations changent toutes les 5 minutes, donc c'est un peu abusif.
Ce mec-là, qui porte le doux nom de Kenny, est un chômeur invétéré qui passe ses journées à jouer aux cartes avec son meilleur ami, qui est barman dans le cabaret de son pire ennemi, Lew, l'autre prétendant à l'amour d'Ava.
Oui, c'est comme ça, les bleds paumés, on tourne vite en rond.
Jusque-là, ça va. Une situation comme une autre, mais une situation.
Allez, chauffeur, démarre-donc, et passons aux péripéties !
Comment ça, y a pas d'histoire? Merde alors...
Bah oui. Le reste du film se base sur l'hésitation d'Ava entre Kenny et Lew, qui, comme les scénaristes, n'a pas trop l'air de savoir où elle veut en venir. Pomper le fric de Lew ou vivre une vraie histoire avec Kenny?
Pendant ce temps, Kenny et son pote barman, alias le Tommy Lee Jones des années '40, décident de faire la misère à Lew en aiguillant mal le train qui doit le transporter, lui et son argent, à Detroit.
Sauf que voilà, le barman se met à paniquer, et Lew comprend tout. Entre temps, Ava voit clair dans le jeu de Kenny, et le plan-cul de celui-ci crève à cause d'une chute de 30cm lors d'une foire.
Après ce moment de petit suspens, on comble avec quelques scènes sans grand intérêt, jusqu'à ce qu'une deuxième péripétie se pointe. Le producteur aurait donné le projet à deux scénaristes différents, qui ignoraient mutuellement leur existence, ça aurait donné un truc du même genre.
J'veux dire... On peut pas construire un film autour d'une situation de départ, et deux péripéties presque indépendantes l'une de l'autre. Et encore... Si seulement le réalisateur avait une vision, un style propre. Mais non. C'est plat, industriel.
Néanmoins, je le reconnais, la photographie a parfois certains charmes.
La deuxième partie du film est encore plus laborieuse. Suite à un appel à la paix de Lew, nos deux lurons se rendent chez lui, juste l'histoire de lui serrer la main, et se retrouvent devant le cadavre d'un gars sorti de nul part. Persuadés qu'ils vont être accusés du meurtre, ils s'enfuient dans les bois. Kenny a quand même le temps de se prendre une balle dans le bras, sans broncher, comme un vrai bonhomme.
La course-poursuite avec les policiers est plutôt un bon élément du film. Disons qu'elle n'a pas si mal vieilli.
Après ça, ils se cassent tous les deux à Detroit, pour que Kenny se fasse soigner.
Le barman (qui est un peu à ce film ce que John Goodman est à The Big Lebowski (ce qui nous montre que déjà dans les années '40, le plagiat par anticipation faisait des ravages)), retourne dans le bled une dernière fois, pour prévenir Ava (qui est dans sa phase "amoureuse de Kenny") et pour une magnifique mission kamikaze chez Lew, qui réussit avec brio (et qui nous offre deux-trois plans sortant légèrement de l'ordinaire).
Et puis tout est bien qui finit bien. Ava retrouve Kenny, qui s'est rétabli en un rien de temps, et ils partent ensemble, dans une campagne sortie de nul part.
Je ne dirais pas que le film m'a profondément ennuyé. Mais à aucun moment on arrive à se prendre à ce ramassis de saynètes sentimentalistes, quand elles ne cherchent pas désespérément un suspens qui ne vient pas.