J'avoue que je mets un 7 uniquement pour les décors, qui sont grandioses, les costumes et les figurants qui vont avec, les quelques beaux mouvements de caméra.
Après, le reste, pour être franc, je n'ai rien trouvé de fabuleux. Griffith essaye de persuader tout le monde qu'il est tolérant alors que le film d'avant il était pour le KKK en foutant le mot "intolérance" à toutes les sauces ("les flammes de l'intolérance", "les murs de l'intolérance", pourquoi pas "la chaise de l'intolérance" ou "la cuillère de l'intolérance"?) et puis il essaye de faire son malin avec ces quatre tableaux croisés mais finalement il s'embrouille plus les pinceaux qu'autre chose, et il développe à peine les parties en France et à Jérusalem.
Et d'ailleurs, Griffith ne fait que nous balancer des profondeurs comme "rien ne vaut l'amour", "les bourgeois sont méchants avec les ouvriers !"*, ou à nous démontrer que les braves chrétiens (surtout quand ils sont protestants) ont toujours été persécutés. Quelle ouverture d'esprit. Qui oserait croire après cela que cette homme possède en lui le moindre soupçon d'intolérance.
Bon, OK, Griffith a probablement énormément contribué au cinéma, notamment au langage cinématographique. Mais, autant j'ai beaucoup de respect pour les gens qui ont fait ça, autant c'est pas parce que t'invente une langue que t'es un artiste, que tu es un génie pour l'utiliser. Après, Griffith se démerde comme il peut, ça reste prenant; je n'en suis pas non plus à descendre le film en flammes, il a ses charmes (on voit bien là les limites de la critique).
Et puis bon, c'est un peu facile de dire qu'Intolérance aurait été révolutionnaire. Mais quels ont été les inventions formelles du film? Le montage, parallèle ou non, avait déjà été inventé et utilisé, notamment sur La Naissance d'une Nation. Les gros plans aussi. De même pour travellings et autres.
Franchement, à part un culot énorme et la démonstration qu'on peut faire des choses gigantesques avec le cinéma, Intolérance n'a rien chamboulé.
Mythe mythique ou miteux? Faut voir.
*: quoiqu'à l'époque, c'était pas non plus une banalité, il est vrai.