Du théâtre à l'écran

Howard Hawks, j'en connaissais sa réputation mais je n'en avais vu que le Scarface, grand film précurseur. Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre, et encore moins à une comédie. Je dois l'avouer, j'ai choisi ce film simplement par curiosité pour son titre.

Sans être une surprise, il m'a en tout cas bien plu. Le réalisateur nous plonge dans le monde du théâtre et en joue parfaitement : les acteurs jouent tous des rôles d'acteurs, même quand ils n'en sont pas. Le film est une représentation de l'être et du paraître. C'est-à-dire que chaque personnage n'est vrai que lorsqu'il joue dans une pièce (comme nous le dit d'ailleurs Lily). Jaffe, le metteur en scène, est toujours à la recherche du talent pour ses pièces, créant de véritables comédiens à partir de rien. C'est d'ailleurs une sacrée leçon de cinéma et de théâtre : un bon directeur peut faire presque ce qu'il veut même avec le plus désespéré des acteurs. En revanche, dans leurs interactions hors-théâtre, c'est une permanente mise en scène de personnages jouant un rôle dans un surjeu toujours plus grand.

Je regrette que le film mette si longtemps à démarrer - presque la moitié du film - puisque si elle sert entièrement le film, je n'ai pas ri et je n'avais même pas forcément compris qu'il s'agissait d'une comédie. Alors forcément le surjeu des personnages est amusant, on a des femmes qui se mettent à pousser des hurlements de désespoir, des pleurs pour des broutilles ; ou un metteur en scène qui se met lui-même à jouer les acteurs pendant une bonne partie du film. C'est d'ailleurs à ce moment que le film se lance vraiment : à l'entrée du train, le Twentieth Century Limited. Et là c'est de mieux en mieux, toujours plus grand, toujours plus fort. Les personnages se jouent d'entre-eux et mettent en scène leur destin.

La fin du film m'a en tout cas bien fait rire, ramenant au début du film, comme si les personnages avaient même oublié ce qu'il s'était passé dans le film. Très amusant, et on a l'impression que c'est une boucle infernale qu'il y a entre ces deux amoureux du théâtre. Relation qui fonctionne à coups de "Je t'aime, moi non plus" et dont le réalisateur joue également. Sans être exceptionnel donc, j'ai trouvé le tout plutôt réussi, qui aurait gagné à être plus direct.