Un médecin qui avant de partir a vu mourir un de ses patients, une femme qui quitte son compagnon : ces deux êtres en recherche de solitude vont devoir cohabiter dans un même compartiment. En une phrase, on a là un scénario tout simple mais qui pourrait lancer un huis-clos ferroviaire tout ce qu'il y a de plus intéressant. Mais ce n'était pas l'idée de Jerzy Kawalerowicz, apparemment.

Pourtant, le réalisateur, de par ses plans irréprochables, arrive à capturer l'espace exigu du train et de ses compartiments. Par exemple, le moment où Jerzy avance dans le couloir bondé tout en heurtant certains voyageurs est juste dans sa représentation de l'espace confiné, beaucoup trop confiné. D'autant plus qu'elle fait écho à une autre scène, où justement les voyageurs sortent du train arrêté pour poursuivre un assassin recherché par la police. A ce moment, l'espace extérieur libère, à bien des niveaux, ces gens qui ne cessaient de se rentrer dedans depuis le début du film.

Donc oui, c'est bien pensé. Mais j'ai un problème avec le scénario. Cet assassin, justement, sort de nulle part : on n'entend pas parler avant que les policiers ne montent, on a un quiproquo ma foi très vite réglé, puis la poursuite qui se conclut par cette fameuse scène en extérieur. Ce n'est pas mauvais en soi, mais ça ne semble pas être le point du film. Si c'est le cas, alors il tombe comme un cheveu sur la soupe. Et c'est dommage puisque le film aurait tellement gagné à explorer la relation de Jerzy et Marta qui, de prime abord, cherchaient la solitude et finissent par s'ouvrir l'un à l'autre. Par contre, le film se montre intéressant lorsqu'il s'attaque à ces gens prêts à se jeter (littéralement et symboliquement) sur tout ce qui pourrait pimenter leur voyage. Et à ce titre, la scène de poursuite de l'assassin est effrayante quand on les voit surgir de tous côtés tels des prédateurs, avides de sensations.

Je suis sûrement passée à côté de quelque chose. Mais je dois bien avouer que je n'ai pas trop vu où Kawalerowicz voulait en venir. Il a peut-être voulu mettre trop de choses dans son film, ce qui, du coup, le fait partir dans tous les sens. C'est dommage, parce que derrière Train de Nuit, il y a d'excellentes idées de réalisation avec des images mémorables. Mais c'est bien tout ce que je garderai de ce film.

Tant pis.
Nolwenn-Allison
6
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le 24 juin 2014

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Nolwenn-Allison

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