A la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans la Tchécoslovaquie occupée par les nazis, le jeune Milos, suivant l’exemple de son père (parti à la retraite à 48 ans!) se lance dans la tranquille carrière de chef de gare. Stagiaire dans une petite station perdue de Bohême, il est amoureux de la jolie Máša, une contrôleuse peu farouche qui s’offre à lui. Mais Milos, timide et complexé au possible, est incapable de donner suite aux avances de la jeune fille, ce qui le frustre d’autant plus qu’il assiste aux exploits sexuels de son collègue Hubička qui séduit toutes les femmes aux alentours...
Ainsi que le souligne très bien Guy Bellinger dans le Dictionnaire des films de Robert Laffont, guerre et sexualité sont deux thèmes rarement associés comme c’est le cas dans ce film fort enlevé de Jiri Menzel, typique du souffle de liberté (hélas très court) qui souffla sur la Tchécoslovaquie au milieu des années soixante. Ajoutez-y une touche d’humour burlesque et une bonne dose d’impertinence et vous obtenez une œuvre qui n’a rien perdu de sa fraîcheur un demi-siècle plus tard. A la fois tendre et caustique, Jiri Menzel se moque gentiment de ses personnages sans jamais les dévaloriser, conciliant un cinéma authentiquement populaire avec le culot provocateur des jeunes loups de la Nouvelle vague, comme dans la scène irrésistible où le tombeur de service tamponne les fesses d’une employée avec les différents timbres du bureau. Entre comédie et drame psychologique, un petit chef-d’œuvre à voir et à revoir!