Fourmillant d’un côté de connotations érotiques et autres symboles sexuels à décoder à la lumière de la psychanalyse, et contenant d’un autre côté la menace latente de la guerre, Trains étroitement surveillés est, à l’image de son jeune protagoniste, tiraillé malgré lui entre pulsions de vie et pulsions de mort.
Hésitant donc entre ces deux bords, Miloš désire passer de l’état passif de regardeur à l’état actif d’acteur : écouter le récit grivois des autres, entendre leurs ébats, rêver à travers leurs fantasmes intrigue, au point qu’il veuille découvrir par lui-même ce monde caché plein d’espoir et de luxure pour enfin devenir homme. Le parallélisme entre la Tchécoslovaquie, pays qui se laisse pénétrer par l’ennemi Allemand et songe secrètement à l’indépendance, à vivre par soi-même, est là : d’où ce ton qui se veut d’abord comique à travers l’ironie avant de dériver vers un sarcasme dénotant l’amertume de Jiří Menzel, le cinéaste, raillant ses concitoyens qui au lieu d’agir en honneur de leur pays subissent sans ciller son invasion.
L’emmêlement des idées, le mélange des tons, la superposition des strates de signification, la complexité psychanalytique des symboles foisonnant contrastent avec un récit assez morne, des personnages plutôt caricaturaux, des dialogues peu croustillants. Demeure un noir et blanc à certains endroits élégant et une veine rebelle et impertinente, quoique contenue.