Trance c'est un polar qui repose sur la perte de la mémoire de l'un des protagonistes, évidemment le seul à savoir ou est caché le tableau valant plus de 25 millions. Il va donc avoir recours à l'hypnose pour faire ressurgir ses souvenirs et pouvoir retrouver le tableau.
L'hypnose est au centre du récit et la médecine elle-même a du mal à tracer la limite de ce qui est possible en la matière donc bien que le film pousse un peu loin le bouchon de la crédibilité, je ne vais pas non plus trop lui en vouloir. L'impact de l'hypnose est difficile à évaluer et la variabilité inter-individuelle est énorme. Malgré cette bonne volonté, certaines scènes pour moi ne passent pas. Par exemple lorsque Elisabeth propose à Franck de lui effacer la mémoire à l'aide d'une vidéo pré-enregistrée alors même qu'une scène précédente du film à montré que Franck n'était pas réceptif, je dis non. Le film prend le parti de présenter l'hypnose comme une sorte de super-pouvoir d'emprise psychique sur tout le monde auquel je ne peut pas adhérer.
Au niveau caméra, c'est assez inventif et le réalisateur va chercher des angles de vue fréquemment déstabilisant ce qui colle bien au thème du film qui repose sur l'instabilité du personnage principal. Je reconnais bien le réalisateur dans ce procédé. Néanmoins je trouve que sur certaines ouvertures de plans, c'est trop appuyé et le regard du spectateur se perds car il n'a pas de point d'attache, c'est un défaut de composition qui est regrettable malgré l'intention louable.
Mon reproche principal au film est sur la crédibilité des personnages et à une ou deux failles dans le scénario. Le personnage principal part un peu dans tous les sens mais quelque part, ça ne me gêne pas tant que ça vu qu'il est censé être complètement dysfonctionnel d'un point de vue psychologique (ce film aura au moins été une bonne audition pour son rôle dans Split). Par contre, les autres... Elisabeth est censé représenter le contrôle, elle détient cette capacité présenté comme un vrai pouvoir qui la place naturellement dans une position dominante dans tous ses rapports, elle ne montre également jamais ses émotions, c'est un personnage froid et qui reste toujours objectif. Pourtant cette facade sonne faux lorsqu'elle se montre incapable du moindre pragmatisme, elle a toute les cartes en main le long du film et ne les utilise jamais. Pire, elle se met intentionnellement en danger sans aucune raison. Quand à Franck, c'est un gangster qui est leader par la force mais il ne fait que se montrer complaisant en acceptant tout et n'importe quoi, seul le charisme de Vincent Cassel nous convainc qu'il s'agit d'un chef de groupe.
Pour ce qui est des failles du scénario dont je parlait, le groupe de criminel garde un contrôle serré sur à la fois Simon et Elisabeth, or on finis par nous dire que Elisabeth a plus d'informations que ce qu'on pensait et qu'elle a en fait toutes les cartes en main depuis la première séance d'hypnose. Sauf que la première séance d'hypnose, Simon portait un micro.... On se demande comment ça aurait pu échapper au gang qui l'a spécialement posé pour écouter cette conversation.
Trance est clairement le Danny Doyle que j'aime le moins. Je recommande plutôt Memento de Nolan qui a les même thèmes mais une structure bien plus solide et des personnages plus crédibles, dont les actions sont acceptables dans le cadre de leur parcours émotionnel. Ici, l'intrigue est faible, les enjeux pas passionnants, les personnages pas clairs, le film a au moins le mérite d'un language cinématographique maitrisé qui donne une seconde lecture plus profonde de chaque scène mais cette gymnastique intellectuelle est son seul attrait.