Trance est à l’origine une idée de Joe Ahearne. Scénariste pour la télévision, on lui doit notamment la réalisation de quelques épisodes cultes de la série Doctor Who dont Father’s Day et Bad Wolf. A la fin des années 90, il envoie une idée de scénario à Danny Boyle. Le réalisateur renvoie le script à Ahearne, le jugeant délicat à traiter pour un jeune scénariste. Mais l’homme ne lache pas l’affaire et en fait un téléfilm. Boyle de son coté n’a pas oublié ce qu’il avait lu et, vingt ans après la première lecture, contacte Ahearne et lui propose d’adapter son histoire en un long métrage de cinéma.
C’est ainsi que nait Trance qui de prime abord ressemble à un film de braquage. On commence en effet par découvrir James McAvoy qui explique au spectateur quelques règles de bases en cas de vol d’œuvres d’art pendant une vente aux enchères : se charger de la sécurité de l’oeuvre la plus précieuse, l’emporter au plus vite et aller la glisser dans un coffre sécurisé. Comme on s’en doute, il va devoir appliquer la procédure quand Vincent Cassel et ses hommes vont débarquer. Et comme le pitch l’indique, il n’aura pas le temps d’atteindre le coffre. Frappé au visage, il va se retrouver victime d’une amnésie partielle. Et quand Cassel va découvrir qu’il n’est en possession que du cadre vide, il va tenter de découvrir où est la toile.
La solution sera donc l’hypnose, en la personne de la délicieuse Rosario Dawson. Mais on va vite se rendre compte, au travers des séances, que les personnages ne sont pas aussi manichéens qu’ils en donnent l’impression et que le réalisateur est en train de nous mener en bateau. Trance n’est en réalité pas seulement un film de braquage, c’est surtout un film de manipulation. Celle du spectateur en premier, mais aussi des personnages entre-eux. On en dira pas d’avantage pour ne pas spoiler l’histoire.
Trance commence donc de manière très linéaire. On prend le spectateur par la main sans trop s’attarder sur certains aspects. Plusieurs passages semblent tomber comme un cheveu sur la soupe mais tout finira par trouver une justification, même une scène totalement inattendue où Dawson y est intégralement nue. Et on se rendra compte que, plus on avance dans l’histoire, plus c’est compliqué puisque Danny Boyle finit par jouer sur les images. Les scènes de rêve générées par l’hypnose apparaissait au début comme très colorées et chargées en lumière à l’opposé de la réalité. Mais on va se rendre compte qu’au final ce n’est pas si simple et entre éclairage audacieux et astuce de montage on finit par se laisser nous aussi hypnotiser par l’histoire. Et on se retrouve autant manipulé que les personnages de l’histoire
Le seul reproche qu’on peut donc faire au film est celui de ne pas pousser le délire assez loin. On pense à Inception et à ses multiples couches censées dérouter le spectateur. Ici, on reste globalement en surface et on regrette que Boyle n’ait pas cherché à nous embrouiller encore d’avantage alors qu’il avait tous les éléments pour s’en charger.
Difficile d’aller plus loin dans l’explication sans risquer de spoiler. Mais en matière de film à twist, Trance, sa bande originale de haute tenue, sa réalisation soignée et ses bons acteurs se pose là.