Coquille vide
J'ai beau tourner ça dans tous les sens, tentant vainement de m'accrocher au minimum d'affection que je lui porte, je ne parviens pas à définir Transfiguration autrement que comme une coquille vide...
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le 31 oct. 2016
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J'ai beau tourner ça dans tous les sens, tentant vainement de m'accrocher au minimum d'affection que je lui porte, je ne parviens pas à définir Transfiguration autrement que comme une coquille vide. Le postulat de départ était pourtant intéressant sur papier. Tenter d'explorer la figure mythique du vampire au travers de Milo, un petit black habitant dans un ghetto du Queens, ça pouvait faire sens. Il y aurait pu avoir un angle d'attaque jouant sur les souffrances d'êtres maudits par leurs conditions, quelles soient mystique ou sociale. Mais rien n'y fait, le film se contente d'effleurer son potentiel et s'enferme dans un objet arty sans grand intérêt, comme si Michael O'Shea était trop paralysé par son manque d'audace.
Si le film tente de jouer sur une certaine ambiguïté quant à la réelle nature de Milo - weirdo sanguinaire ou véritable créature de l'ombre -, le sujet sera fortement éclipsé par un flot incessant de références culturelles. Nous le verrons ainsi surtout mater des films d'horreur sur son ordi, emmener sa nouvelle copine au cinéma pour visionner Nosferatu et surtout discuter à plusieurs reprises avec elle des "œuvres" qui seraient ou non réalistes (il place Dracula Untold dans les bonnes...); avec une très lourde insistance sur Twilight jusqu'à la toute fin du film. L'omniprésence de cette dimension méta contribue à caractériser à l'emprise totale des "démons" de Milo sur son existence, toujours avec ce jeu de funambulisme sur sa réelle identité, mais en même temps, le film finit presque par se consumer de l'intérieur en sacrifiant une partie de sa propre identité . On croirait presque à du remplissage cache-misère.
Cette radicalité contre-productive se ressent également au travers de son ambiance rachitique et de son rythme très lancinant, à mille lieux de la maîtrise d'un Only Lovers Left Alive par exemple. Même si la photo est assez agréable à l’œil, le film souffre d'une mise en scène très scolaire et bien trop appliquée. À l'image de la thématique de l'évasion abordée grossièrement face à la mer avec les barreaux d'un balcon "emprisonnant" les personnages. Sans parler des multiples plans poseurs où Milo se tient bêtement debout ou traverse le cadre avec une démarche grotesque...
Le manque de charisme et la chétivité du jeune Eric Ruffin siéent au personnage du petit être invisible beaucoup plus dangereux qu'il n'y parait, mais ce filon est finalement très peu exploité. Milo l'adolescent en perte de repère est davantage au centre du récit que son alter ego nocturne. La rayonnante Chloe Levine incarne d'ailleurs un beau contrepoids qui empêche le film de sombrer totalement dans l'ennui, même si leur relation à quasi-sens unique est finalement assez convenue. De même pour l'exploitation du contexte environnant.
Durant le film, O'Shea n'a cessé de planter quelques germes d'idée intéressantes. Dommage qu'il n'ait pas réussi à en tirer pleinement parti...
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le 31 oct. 2016
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