Transformers - Le Commencement
6.9
Transformers - Le Commencement

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2024)

Le problème principal qu'a rencontré Transformers et notamment depuis son arrivée au cinéma, c'est que son nom a été redéfini d'une certaine manière par Michael Bay ; le cinéaste a apporté une vision unique bien que cette vision unique a fortement déplu aux fans ayant grandi avec la G1 dans les années 1980. Ce dernier ne s'est jamais gêné de dire que la mythologie qui gravite autour ne l'intéressait pas et, par conséquent, beaucoup résument ses films à un divertissement très bruyant, grossier et plat. Pourtant, il est indéniable que cela lui a permis d'expérimenter sur le plan technique, de repousser des limites technologiques et de sublimer les robots dans des scènes absolument hallucinantes. Au final, Transformers a toujours été un prétexte pour un immense spectacle grand public mené par un cinéaste très doué en la matière, et jusqu'à Transformers : Age of Extinction et son milliard de recettes au box-office, difficile de lui donner tort. Malheureusement, la Paramount a réalisé trop tard que la franchise reste un outsider dans le paysage du blockbuster contemporain et qu'elle ne peut pas autant se reposer sur la popularité de ses personnages - à la différence du MCU et du DCEU - pour se porter elle-même, ce qui a progressivement mené à son déclin avec Transformers : The Last Knight, Bumblebee et Transformers : Rise of the Beasts. Transformers One s'annonce donc comme un tournant radical, par le fait d'être un film d'animation mais également par le fait de se concentrer sur l'origine de la guerre entre Autobots et Decepticons. Cela a l'avantage de ne pas obliger le film à se dérouler sur Terre et de se concentrer sur la rivalité entre Optimus Prime et Megatron - une rivalité déjà explorée par le passé et qui a notamment permis de complexifier un conflit entre deux camps un peu trop manichéens.


S'il ne peut évidemment pas exploiter ce même potentiel narratif, Transformers One n'est pourtant pas pensé comme un simple film pour enfants. Son côté spectaculaire jouissif ouvre une nouvelle fois les portes de ce que Transformers peut proposer de mieux et son travail sur le réalisme des textures et de leurs interactions avec les décors sont au service d'une stylisation géniale, trouvant l'équilibre parfait entre des animations faciales très humaines sans jamais perdre la spécificité robotique de ses personnages. Mais au-delà de sa structure formelle ultra-inventive et colorée, son écriture reste également une de ses plus grandes qualités. En jouant avec des éléments de sa mythologie (la matrice de commandement, Primus, les futurs Decepticons les plus cultes, les transformations de D-16 et Orion Pax en Megatron et Optimus Prime…), Transformers One est très pédagogue sans être didactique et esquive le piège du bête fan-service qui se contente de ravir les fans. En développant son histoire avec un véritable amour pour le matériau de base et un investissement émotionnel total, le film assume sa nature de tragédie inévitable entre deux frères devenant ennemis et c'est parce qu'il prend son histoire très au sérieux que ses enjeux dramatiques frappent beaucoup plus forts, que le spectateur peut se prendre d'empathie pour D-16 et Orion Pax - et leur vision opposée sur le monde - en captant avec une maturité inédite un questionnement sur la lutte des classes et de comment un système injuste peut créer son plus grand méchant.


Si Orion Pax est un personnage qui a toujours remis en question le monde dans lequel il vit, D-16 a toujours obéi au système parce qu'il pensait que cela lui permettrait de s'élever socialement. La trahison n'en est que plus violente lorsque ce dernier apprend que ce système en question lui a menti toute sa vie et que la seule justice serait une anarchie très violente. La progressive transition de D-16 en Megatron est certainement l'élément le plus réussi du film car il instaure une zone grise troublante face à son personnage, face à sa colère et face à la légitimité de ses agissements. Transformers One est donc un film qui transcende largement le postulat de son univers, il s'intéresse profondément et veut faire comprendre le fonctionnement de la civilisation cybertronienne (et sa chute future), de comment elle envisage la vie et la mort face à un système qui les écrase… tous ces éléments dont Transformers a toujours parlé mais qui sont enfin mis en lumière et que, définitivement, au-delà de son spectacle grandiose :

There is more than meets the eye.
Luca-hiersDuCinema
8

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Créée

le 8 nov. 2024

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