"I was trying to make the moment more epic." — Bel effort vain, peut mieux faire.

Jusqu’à présent, la saga Transformers avait su se montrer divertissante, sinon épique, voir « au pire » limiter les dégâts et simplement proposer un film chiant. Mais comme toute saga, il arrive toujours un moment où la recette ne fonctionne plus, où ça va trop loin et ça finit par se planter. Transformers : The Last Knight est ce film. J’y suis allé avec l’idée de donner une dernière chance à la franchise, et il faut croire qu’elle vient de la griller.


Si ce film est mauvais, ce n’est pas parce que c’est un film pop-corn grand public sans profondeur. C’est parce qu’il ne sait pas ce qu’il est. Tout d’abord, il a le même défaut que son prédécesseur, à savoir qu’il part sur beaucoup trop d’intrigues en même temps, s’éparpillant ainsi inutilement durant les trois-quarts du film. Les TROIS-QUARTS ! Ce n’est que lors de la dernière demie-heure que les intrigues se regroupent. Mais là encore, le problème n’est pas d’avoir plusieurs fils rouges sans aucun lien pendant une grande partie du film. On peut à la limite pardonner la première partie du film, durant laquelle tout n’est que cafouillage tellement les scènes n’ont aucune suite logique, passant littéralement d’une intrigue à l’autre sans connexion, sans rythme.


Je suis tout à fait ouvert à aller voir un film de 2h30 et débrancher mon cerveau pendant ce laps de temps ; mais si je dois le rebrancher toutes les 3 minutes pour essayer de comprendre ce qui se passe, c’est qu’il y a un souci quelque part. Ce n’est que lors dans la dernière partie que le rythme sera enfin mieux maîtrisé et où le film commencera enfin à proposer quelque chose d’intéressant. Mais là encore, on se retrouve confronté à un problème majeur. L’Âge de l’extinction avait échoué à être divertissant, car se révélait au final bien vide. Le problème avec The Last Knight, c’est qu’il est divertissant, mais que cela ne fonctionne pas. Encore une fois, il manque le souffle épique ; mais surtout, le fait que la première partie n’était rien d’autre qu’un gros cafouillage, elle a échoué à créer un lien entre les spectateurs et les personnages, les rendant inintéressants et surtout peu voire pas du tout attachants. Y compris parmi les anciens !


Or, comme on ne se sent pas investi à aucun moment, comment réussir à rendre le film épique ? Je veux dire, encore une fois, Bay nous propose un dernier acte complètement gargantuesque, un véritable déluge d’action et d’effets spéciaux à une échelle complètement démesurée ; mais voilà, encore une fois, on ne rentre pas dans l’action, on n’est que simple observateur attendant que ça passe. Il y a le fait que les personnages sont peu attachants, d’autres complètement inutiles (toute une intrigue consacrée au personnage d’Izabella qui n’a concrètement aucun intérêt par rapport à l’intrigue global) ; mais encore une fois, si Bay maîtrise parfaitement sa mise en scène et ses effets (même si c’est souvent très fonctionnelle, surtout dans la première partie), Steve Jablonski est complètement à la ramasse sur la musique, avec une bande originale au mieux absente, au pire paresseuse, échouant à créer la moindre tension dans le film.


Il ne restera au final que 2-3 éclairs ici et là, avec un soupçon d’auto-dérision. Ça aurait pu renforcer le film, mais là, ça se transforme simplement en recourt de la dernière chance. L’humour sera toujours présent comme dans les précédents films, mais sera complètement bipolaire : parfois, ça fait mouche et ça fait rire/sourire (notamment sur les passages d’auto-dérision) ; et parfois, il faut presque 10 secondes pour comprendre que c’était un trait d’humour. Mais au final, ce qui est le plus dramatique dans tout ça, ce n’est pas tant de partir sur plein d’intrigues/idées en même temps et en faire un immense cafouillage. C’est de changer radicalement le court de ses intrigues en plein milieu toutes les 10 minutes, voire d’abandonner complètement une idée après avoir fait un build-up de 2h. Tout le monde se souvient encore du coup du Marthagate dans Dawn of Justice l’année dernière. Là, il n’y en a pas moins de 3-4 sur tout le film, et sans la moindre raison apparente (alors qu’on peut au moins jouer sur la mauvaise foi ou la fanitude pour défendre le Marthagate).


Et pour conclure, on aura un casting complètement à la ramasse à tous les niveaux. C’est un véritable festival, si impressionnant que je ne sais pas par quel bout le prendre. Je crois que le pompon revient quand même à Laura Haddock, qui est donc officiellement la première actrice dont l’unique intérêt est vraiment d’être la potiche de service. Parce qu’au moins, Megan Fox, Rosie Huntington-Whiteley et Nicolas Peltz avait certes comme rôle premier de montrer leurs jolis minois, mais leurs personnages avaient un sens dans l’histoire, on pouvait s’y attacher pour autre chose que leur physique. Mais là, pour Haddock, il n’y a rien d’autre, le vide complet, le néant sidéral. Mais le truc le plus incroyable au final, c’est bien la présence d’Anthony Hopkins : clairement, on a là le cas typique de l’acteur ayant besoin de payer ses factures et voulant tourner dans un film pour le fun ; mais au final, il sera celui qui s’en sortira le mieux du lot, et de très loin.


Transfomers : The Last Knight est donc bel et bien le plus mauvais film de cette saga. Parce qu’il oublie, comme son prédécesseur, d’être divertissant, mais également ce qu’il propose est bien trop bordélique dans la construction du multiverse pour ne serait-ce nous laisser indifférents. Au cours de la production, les rumeurs parlaient de scripts pour une dizaine de films Transformers, mais Bay avait rebondi en disant qu’ils s’agissaient d’idées et de concepts, dont plusieurs avaient été intégrés dans ce film. Clairement, en voulant aller partout en même temps, ils sont allés nulle part.

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le 28 juin 2017

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