On peut tous être le héros de sa propre vie, tous autant que nous sommes, à condition d’avoir le courage d’essayer.
Pour que mon monde vive, le vôtre doit mourir : la fin de l'aventure avant le dernier acte qui se profile à l'horizon
Je suis résolument non parmi les détracteurs du réalisateur Michael Bay, et encore moins de la saga Transformers. Pour mettre les choses en perspective, je suis un fervent admirateur des jouets Transformers qui ont donné vie à la série animée que je consommais avidement, malgré ses défauts évidents. En somme, j'étais un fidèle adepte. Les adaptations réalisés par Michael Bay ont suivi la même lignée que la série animée, avec ses aspects positifs et négatifs, ce qui fait de moi un spectateur parfait pour vivre d'excellents moments devant les films de la saga. Vous vous demandez peut-être pourquoi je tiens à expliquer tout cela. Eh bien, c'est simplement pour faire comprendre que malgré ma loyauté envers cette saga que je n'ai jamais dénigrée, même face aux critiques générales, je me retrouve désormais parmi les insatisfaits devant ce nouvel opus, devant lequel je passe une fois de plus un très mauvais moment. Dans cette optique, je vais tâcher d'aborder les nombreuses problématiques, afin de les comparer avec les autres films de la franchise dont je suis un fervent amateur. Avant tout, il convient de ne pas s'acharner sur Bay, car Transformers 5 : The Last Knight est malheureusement un exemple manifeste de l'ingérence des studios dans le processus créatif du réalisateur. Ce gâchis est principalement imputable aux studios, qui ont contraint le cinéaste à continuer la réalisation de la saga alors qu'il souhaitait initialement s'arrêter après trois films. Bien qu'il ait réussi à mettre de côté son mécontentement lors du tournage du quatrième opus : L'Âge de l'Extinction, en se disant que c'était enfin terminé, il a été contraint une fois de plus de réaliser un autre épisode Transformers, celui de trop. Logiquement, cette pression se fait ressentir dans le résultat final, car l'enthousiasme et la passion ne sont plus au rendez-vous.
« J'en ai fait trop. J'avais dit que j'arrêterais . Mais le studio m'a supplié d'en faire un quatrième, qui a encore rapporté un milliard. J'ai dit que maintenant c'était terminé. Et ils m'ont encore supplié. J'aurais dû arrêter. »
Transformers 5 : The Last Knight", réalisé par Michael Bay, est une déception quasi totale, marquant une régression flagrante de la saga. Alors que les précédents épisodes semblaient prendre une direction plus mature et développer un univers en évolution, celui-ci retombe brutalement dans une infantilisation excessive. Toutes les attentes d'une évolution intéressante sont balayées d'un revers de main. L'humour, déjà très présent dans les deux premiers opus avec des Transformers semblant être des adolescents turbulents et immatures, en pleine croissance et en quête de leur propre identité, qui avaient enfin gagné en maturité dans les deux films suivants avec des motivations plus profondes et des caractères plus complexes, retombe soudainement dans une idiotie absurde qui devient omniprésente. Cela est principalement dû à l'introduction de nouveaux personnages. Les blagues tombent à plat et nuisent sérieusement à l'immersion dans l'histoire, donnant l'impression d'un traitement négligent. Ce retour à l'idiotie absurde est d'autant plus frustrant qu'il représente un énorme pas en arrière par rapport à la progression réalisée dans les films précédents. Le réalisateur et les scénaristes Art Marcum, Matt Holloway et Ken Nolan ont perdu tout sens de la cohérence et de la qualité narrative.
En abordant les incohérences, commençons par l'histoire secrète des Transformers dans les vieilles activitées de l'humanité, révélant qu'en Angleterre, il y a 1600 ans, le roi Arthur et ses chevaliers, avec l'aide de Merlin le magicien alcoolique, ont établi des liens de chevalerie avec les douze Chevaliers Gardiens de Cybertron. Une amitié qui a conduit de nombreux Transformers à aider secrètement les humains pendant des siècles. Jusqu'à présent, cela pourrait passer, l'idée est intéressante et n'est pas encore incohérente, car on peut imaginer que les Transformers étaient suffisamment discrets et en petit nombre pour passer inaperçus auprès des humains, même pour la Section 7. La même logique pourrait s'appliquer à Cybertron et aux Transformers, les douze Chevaliers Gardiens ayant fui leur planète il y a des millénaires, au point d'être oubliés par leurs semblables. Il était tout à fait envisageable qu'ils aient secrètement intégré la planète Terre pour y recevoir des Transformers immigrés grâce au pacte entre les humains et les machines. Cependant, un problème surgit lorsque le récit nous présente une scène de flashback mettant en avant Bumblebee qui combat aux côtés des Alliés contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. « Attendez, arrêtons-nous un instant, vraiment ?! » Dans le premier film "Transformers", il était clairement indiqué que c'était la première fois qu'Optimus et les Autobots se trouvaient sur Terre, et l'histoire donnait même une petite origine à la forme du camion d'Optimus. De plus, on apprenait que Bumblebee avait été envoyé pour protéger Sam. Alors, qu'est-ce qu'il faisait pendant la Seconde Guerre mondiale, et pourquoi était-il si sérieux au point d'être surnommé "Warbee", pour ensuite retomber dans un comportement adolescent et espiègle ? Supposons que le rôle passif de Bumblebee était maintenu secret car il agissait dans le cadre du pacte avec les humains. Cela signifie donc que les Transformers étaient au courant de ce pacte, des Witwiccans, et donc qu'ils savaient que le bâton de pouvoir se trouvait sur Terre. Bon, d'accord, passons, ce n'est pas grave... restons calmes et je suis sûr qu'il y a une explication logique à tout cela.
Avez-vous oublié qui je suis ?
En ce qui concerne Megatron devenu Galvatron, un Transformers artificiels créés par la KSI, il apparaît avec un nouveau design plutôt cool, mais qui n'est jamais justifié. Surtout, qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Pourquoi et surtout comment est-il redevenu un simple Decepticon, ayant perdu la capacité de se moléculer à volonté ? C'était une capacité impressionnante qui a tout simplement disparu, tout comme ses nombreux alliés artificiels qui sont également redevenus normaux. Sachant que Barricade était le dernier et seul Decepticon à avoir survécu, le voici entouré à nouveau de nombreux camarades comme Mohawk, Dreadbot, Nitro Zeus et Onslaught, qui se substitue à Berserker. Ils sont tous libérés par un échange entre Megatron et le gouvernement. Ces nouveaux méchants semblaient "intéressants" au départ et ont été introduits d'une manière "originale", mais finalement, on ne fait rien du tout avec eux car ils sont tous vaincus dès la scène suivante. Donc, comment tout ce petit monde en est-il arrivé là ? Si vous voulez le savoir, il faudra chercher en dehors du long-métrage, auprès des fans qui ont appris qu'après la disparition de Lockdown dans l'épisode précédent, Quintessa a rencontré Galvatron et l'a reconstruit en tant que Megatron, avec un nouveau corps ressemblant à un chevalier noir, et l'a mis sous son contrôle pour pouvoir retrouver le fameux bâton de pouvoir. L'idée est excellente, mais pourquoi ne l'explique-t-on pas dans le scénario ? Surtout que sur le papier, Quintessa est un personnage très intéressant. Malheureusement, elle est sous-utilisée, ce qui est vraiment dommage car elle apporte énormément d'éléments à la saga. On découvre que Quintessa, la "Prime de la Vie", est la créatrice de l'espèce des Transformers, celle contre laquelle Optimus est parti se battre à la fin de l'épisode précédent. Une petite remarque en passant : qui étaient donc les extraterrestres aux mains roses dans l'Âge de l'Extinction ? Réponse : On s'en moque !
On nous révèle que Quintessa est à la recherche du bâton de pouvoir que ses douze Chevaliers Gardiens de Cybertron ont subtilisé et caché. On comprend alors (car cela n'est jamais clairement expliqué) que ces chevaliers étaient en réalité des Primes, ce qui expliquerait pourquoi elle a engagé Lockdown pour les traquer, les capturer et les récupérer, ainsi qu'Optimus Prime, afin de pouvoir retrouver l'artefact. Cependant, une question demeure : dans l'Âge de l'Extinction, Lockdown avait emprisonné d'autres Chevaliers Prime, qui étaient en réalité les Dinobots, libérés ensuite par Optimus Prime. Pourtant, ces Dinobots ne faisaient pas partie des Douze Chevaliers. Il existait donc d'autres castes de chevaliers sur Cybertron, comme les Chevaliers d'Iacon, qui peuvent fusionner pour former Dragonstorm. C'est d'ailleurs l'un de ces chevaliers qui remettra le talisman du Chevalier à Cade Yeager. Et pourquoi les Douze Chevaliers se sont-ils enfuis sur Terre il y a des millénaires ? Car on apprend que la planète bleue s'est formée autour d'Unicron pendant des milliards d'années. Unicron, rappelons-le, est un dieu cybertronien du chaos de la taille d'une planète. Quintessa explique qu'elle prévoyait depuis des millénaires de le tuer en le vidant de sa vie à l'aide du bâton, afin de reconstruire Cybertron. Pour les fans de cet univers, cette révélation est tout simplement fantastique et offre un potentiel incroyable ! De plus, les tentatives de Quintessa pour tuer Unicron l'ont réveillé lentement de son sommeil, ses cornes s'élevant du noyau de la planète. Malheureusement, toutes ces révélations sont laissées de côté après le reboot, et nous n'aurons jamais le fin mot de cette histoire ni celle de Quintessa, qui reste présente à la fin du film. De plus, comme le Comte de Folgan, Sir Edmund Burton (Anthony Hopkins) l'explique, il est le dernier de l'Ordre des Witwiccans, une société chargée de protéger l'histoire des Transformers et qui a aidé les humains dans leurs combats depuis des siècles. Parmi les membres de cette communauté se trouvaient le défunt père de Viviane et... notre fameux Sam Witwicky, dont on apprend indirectement la mort, ainsi que celle de son père. Tout cela se déroule hors champ, ce qui est décevant, car Viviane devient ainsi la dernière héritière, la seule à pouvoir manier le bâton de pouvoir imprégné de l'ADN de Merlin, dont ils sont tous les arrière-petits-enfants. Cette idée peut sembler tirée par les cheveux, mais elle reste malgré tout intéressante, bien que dommage pour Sam. Enfin, Sir Edmund Burton nous apprend qu'un dernier chevalier sera un jour choisi pour sauver le monde. Cade est ainsi élu par le Talisman en raison de ses qualités chevaleresques, ce qui laisse entendre que Sam n'était pas considéré comme vaillant... mais bien sûr !
L'histoire regorge de concepts intéressants, avec des révélations spatiales impliquant deux antagonistes hors-normes, les douze Chevaliers Gardiens d'Iacon, des éléments issus des légendes arthuriennes, l'Ordre des Witwiccans, la Seconde Guerre mondiale, la TRF (Transformers Reaction Force), la transformation de Megatron et le basculement d'Optimus du côté obscur, ainsi que l'évolution du personnage de Cade Yeager (Mark Wahlberg). Une fois de plus : "malheureusement", tous ces éléments sont insérés dans un scénario chaotique, écrit avec peu de soin, ce qui ne pouvait aboutir qu'à une confusion générale. Malgré les aspects techniques réussis, tels que la direction artistique de Hugo Santiago, Anthony Caron-Delion, Todd Cherniawsky, Geoffrey S. Grimsman, David Scott, Tom Still et Mark Walters, qui offre des décors inventifs, ainsi que la photographie captivante de Jonathan Sela et la musique de Steve Jablonsky, les scènes d'action laissent une impression de frustration et de déception. Les affrontements contre Megatron et Quintessa sont décevants, et même la grande guerre entre humains et Transformers est sous-exploitée. Seuls le duel entre Bumblebee et Nemesis Prime, ainsi que certaines séquences spectaculaires, comme lorsque des parties de Cybertron s'accrochent à la Terre, parviennent à susciter un certain intérêt. Les personnages sont globalement décevants et peu marquants. Némésis Prime ne fait qu'une brève apparition à l'écran et n'a pas d'impact significatif. Bumblebee, capable de se réassembler, acquiert cette capacité sans explications claires. Seul Mark Wahlberg en tant que Cade Yeager offre une évolution intéressante en laissant sa famille en retrait. Laura Haddock apporte une nouveauté agréable avec son personnage de Viviane Wembly. Isabela Moner, que j'apprécie en tant qu'actrice, incarne Izabella avec son petit robot Sqweeks, mais le personnage manque de profondeur. Anthony Hopkins joue Sir Edmund Burton de manière si hystérique qu'on dirait qu'il est sous l'effet de la cocaïne, tandis que Cogman, son majordome humanoïde, est tout aussi excentrique. Stanley Tucci fait un retour amusant en tant que Merlin, mais dans un rôle mineur. Le retour de Josh Duhamel dans le rôle du colonel William Lennox est plaisant, bien qu'il ait peu d'impact sur l'intrigue. Le même constat s'applique à John Turturro dans son rôle de l'excellent Seymour Simmons. Enfin, je tiens à rendre hommage à Glenn Morshower pour son interprétation convaincante du général Morshower, un personnage que je n'ai pas mentionné dans les films précédents de la franchise.
CONCLUSION :
Transformers 5 : The Last Knight, réalisé par Michael Bay, est une véritable déception. Son scénario est tellement confus qu'on a du mal à le suivre, les personnages sont négligés et la mythologie est mal intégrée. Oui, visuellement ça en met plein la vue, mais ça ne compense pas le manque de cohérence et de satisfaction dans l'expérience cinématographique. C'est vraiment frustrant de voir un potentiel aussi énorme gâché, surtout lorsque ce film était censé être le point culminant de la série en en s'ouvrant sur un ultime opus qui avait tout pour être épique. Tout ce qu'il nous reste, c'est un immense gâchis qui finira rebooté.
Vraiment décevant, place au reboot.
- Je me bats pour ma propre espèce... ma propre planète !
- Nous pouvons nous battre ensemble !