J’ai toujours été de ceux qui défendent les Transformers de Michael Bay. Du tout premier au quatrième opus intitulé L’Âge de l’Extinction (qui présentait déjà une baisse de régime comparé à ses prédécesseurs). Car j’ai toujours considéré cette franchise comme un véritable plaisir coupable qui délivrait ce qu’elle promettait à chaque fois : de l’action explosive à gogo. En même temps, avec des robots géants se bastonnant à longueur de temps, il ne fallait pas s’attendre à du Shakespeare ! Jusque-là et ce malgré leur crétinerie excessive, les films de la saga ne m’ont jamais déçu. Juste amusé comme il le fallait, tel un véritable gamin qui voyait ses instants de jeux dans sa chambre prendre forme sous ses yeux au cinéma. Mais même avec l’affection que je porte à cette saga, il va m’être très difficile de défendre ce cinquième volet qui, il faut (enfin) le reconnaître, n’est tout simplement pas bon. Alors oui, je laisse encore une bonne marge avec une telle note pour les raisons qui vont suivre. Et je ne me lasse jamais de voir ces personnages métalliques sur grand écran ! Malheureusement, il est impossible de fermer les yeux sur le fait que Michael Bay en a décidément eu ras le bol de cette saga, au point de donner l’impression d’avoir saboter ce The Last Knight.
Ce n’est plus un secret pour personne : le réalisateur n’a jamais aimé la saga et ce dès le premier opus. La seule présence de Steven Spielberg à la production (et l’appât du gain) l’a cependant convaincu de signer un contrat pour une trilogie. Une fois celle-ci terminée, il a dû accepter d’en réalisé un quatrième opus pour que la Paramount lui finance son étonnant et mémorable No Pain No Gain (bien qu’il s’agisse d’une hypothèse personnelle). Rebelote avec ce cinquième film, qui devait être une condition pour que 13 Hours puisse voir le jour… pour finalement se vautrer au box-office mondial en se présentant comme son titre le moins lucratif de sa filmographie (à peine 70 millions de dollars). Si sa lassitude se sentait déjà dans le Transformers précédent avec une perte de panache, elle saute ici littéralement au visage ! Les séquences d’action spectaculaires ? Elles sont étonnamment peu présentes, comme si Michael Bay les évitait ! Même le final, une bataille sur le papier épique, n’a aucun souffle ni panache. Le comble pour un film Transformers, vous ne trouvez pas ? Qui s’attarde pour le coup sur du blabla sans queue ni tête (le scénario n’étant toujours pas des plus fameux) au point d’ennuyer l’assistance, c’est pour dire ! Allant même jusqu’à présenter des idées et personnages pour les oublier en cours de route sans aucune raison (la palme revenant à la fillette introduite au début du film ainsi qu’aux Decepticons, montrés à l’instar d’une Suicide Squad… pour rien !). Oubliant même des détails introduits par les films précédents (la transformation « multi-particules » de Megatron). Rien que les antagonistes semblent absents de l’intrigue, n’apparaissant que quand bon leur semble. Optimus Prime ayant viré « du côté obscur » ? Un prétexte commercial ne servant finalement que 5 minutes de script. Bref, Transformers : The Last Knight part dans tous les sens possibles sans jamais amuser ni en mettre plein la vue comme ses aînés, en s’enlisant dans la fainéantise de bas étage et l’humour bien trop balourd pour faire sourire (cela a toujours été le cas, mais le spectacle délivré par les autres films permettait de faire passer la pilule). Et ça, ne pas parvenir à respecter le minimum syndical d’un divertissement de cet acabit, c’est déjà impardonnable !
Mais le pire reste quand même l’aspect technique du long-métrage. Ce qui relève de l’incompréhensible, étant donné l’expérience du bonhomme, que l’on aime ou non son cinéma bourrin. Ici, Michael Bay fait preuve d’un amateurisme inimaginable à ce niveau. Si l’on était déjà habitué à ses films aux allures de clips versions longues (avec visuel aux couleurs chaudes et BO digne d’une playlist estivale), il livre sans aucune honte apparente un film au montage inabouti : non structuré, manquant cruellement de transition entre les scènes comme s’il en manquait, et privant le résultat final d’un quelconque rythme (un peu comme l’étaient les premières minutes de 13 Hours). Transformers : The Last Knight n’est pas un film. Mais plutôt un brouillon de ce qu’aurait dû être un blockbuster potable qui n’a pas été finalisé avant sa sortie. Qui va même jusqu’à présenter des défauts de formats d’image : on passe des bandes noires au plein écran à tout bout de champ. Si la plupart du temps cela se traduit par le passage du « format normal » à l’IMAX 3D, voir ces changements à chaque seconde de film, et notamment pendant des séquences de discussions, donne l’impression que Bay s’est emparé de plusieurs vidéos ici et là pour les mettre bout à bout via le logiciel Movie Maker. Avec un tel constat au compteur, il est quasiment impossible d’entrer dans le film pour en apprécier les rares atouts.
Car s’il n’y avait pas eu tous ces déchets de réalisation, The Last Knight aurait pu être un film Transformers pur et dur. D’autant plus que ce cinquième volet s’est permis quelques délires bien sentis rien qu’en liant la mythologie des robots transformables aux légendes arthuriennes. Permettant de voir par moment l’improbable (Stanley Tucci en Merlin alcoolique). Ou même de voir le grand Anthony Hopkins s’éclater comme un gamin en jouant les lords so british (son majordome robotique n’est également pas en reste). Rien que cela vaut son pesant de cacahuètes, tout comme les effets spéciaux, toujours au top. Mais là où le titre avait un semblant d’intérêt, c’était dans la mise en place de ses nouvelles bases mythologiques. En effet, pour ceux qui l’ignoraient, ce cinquième Transformers s’est présenté à nous comme le début d’un univers étendu façon Star Wars et Marvel/Disney, que voudrait exploiter la Paramount par divers suites et spin-offs – on attend d’ailleurs pour fin 2018 le film sur Bumblebee, réalisé par Travis Knight (Kubo et l’Armure Magique), avec Hailee Steinfeld et John Cena. Et de voir la mythologie Transformers prendre autant d’importance, au point d’introduire le personnage tant attendu d’Unicron, cela donne vraiment envie pour la suite !
Mais pour que la saga puisse remonter la pente et perdurer encore un peu (et pourquoi pas devenir meilleure ?), il ne reste qu’une seule chose à faire : éjecter à tout prix Michael Bay, qui a littéralement perdu toute envie de faire un film Transformers. Que l’on se rassure, le bonhomme a annoncé à peine quelques semaines avant la sortie du film que c’était bel et bien fini pour lui (malgré qu’il disait la même chose au moment du troisième opus). Il ne reste plus qu’à voir si la Paramount saura rebondir avec le spin-off sur Bumblebee et le sixième volet. Car des films Tranformers, personnellement, j’en redemande encore ! Il serait fort dommage de s’arrêter là parce qu’un réalisateur a tout saboté juste pour exprimer un ras-le-bol non dissimulé.