Traque sur internet traite dès 1995 des dangers des données en ligne et des usurpations d’identité, des sujets encore très actuels. Pour l’époque et pour rendre le tout plus cinématographique et accessible au grand public, la technologie est correctement simplifiée. C’est sur, il y a pas le bruit du modem ou les vrais temps de chargement des pages, mais globalement le traitement reste correct. Non le problème du film ne vient pas de sa partie technologique, mais de tout le reste.
On a une informaticienne présentée comme très intelligente mais qui pense que c’est une bonne idée de rentrer aux USA sous un faux nom et un faux visa, on a des méchants pas vraiment charismatique, et un dénouement franchement plat. Et oui, cela pourrait rester un film d’action du dimanche soir, pas incroyable mais sympathique. Seulement c’est très mal filmé, et bourré d’incohérences, à tel point que mon fou rire m’a complètement sortie de scènes prétendument sérieuses. Les cadrages sont très impersonnels voire ratés, et le scénario enchaîne les facilités (une employée que personne, même pas son employeur, ne reconnait ; une société de sécurité informatique dont les employés ne verrouillent pas leurs ordinateurs quand ils quittent leurs postes ou animent un salon ; une backdoor créée par un mec qui n’est pas vraiment dans le besoin ; une voiture qui se trouve très pratiquement au bon endroit quand à lieu l’accident…). C’est surtout l’accumulation de ses détails qui finissent par plomber le film.
On se passerait aussi volontiers de la morale sous-jacente que si Sandra était un peu sortie de chez elle et s’était fait des amis IRL au lieu de rester à chatter dans son salon, peut-être n’aurait-elle pas eu tous ces problèmes. Mais pas de souci, à la fin du film elle troque son gros pull, son feu numérique et ses pizzas pour une jolie robe à fleurs et des activités jardinage avec sa maman et son voisin.
Traque sur internet était un blockbuster à sa sortie, majoritairement pour avoir une Sandra Bullock post-Speed au casting. Et si son postulat est intéressant, et que toute proportion gardée, sa mise en scène de la technologie d l’époque survit pas trop mal à l’épreuve du temps, le traitement n’est vraiment pas à la hauteur.