Traquée
6.4
Traquée

Film de Richard Wallace (1947)

Traquer les silences, sans les comprendre


-Ouvre-le, Paula. Ouvre-le. Tu m'aurais laissé croire que je l'avais tué.
-Il fallait que je te tienne.
-Tu l'as tué. Pour ça.
-C'était Price ou toi. Il voulait te tuer et brûler ton corps, pour qu'on te prenne pour lui.
-Cela m'aurait fait moins mal.



La Traquée de Richard Wallace est un film noir de série B intéressant, néanmoins banal pour le genre. Bien qu'on y trouve des interprétations sombres et un semblant fatalistes, avec quelques beaux dialogues occasionnels impliquant quelques rebondissements plus ou moins attendus, l'ensemble s'avère un peu terne. La photographie est en pénurie d'éclat, l'atmosphère manque de noirceur et de tension (même si quelques thèmes noirs typiques et atmosphériques sont respectés). Heureusement la mise en scène du cinéaste autour de ses deux personnages principaux sauve un minimum le tout. Beaucoup d'éléments sont trop faciles et familiers, cependant bien faits.


L'histoire n'est pas nouvelle et le film peut s'encroûter, mais il est suffisamment solide pour n'être jamais ennuyeux, ce qui lui assure le mérite d'être vu. Le scénario met en vedette Glenn Ford, Barry Sullivan et Janis Carter. Janis Carter réussit brillamment à être autant innocente qu'impitoyable, maléfique et calculatrice. Il n'y a pas une once de sentiment réel en elle, le sexe, le profit, l'amour et la violence semblent être perversement mélangés dans son esprit. Elle marque par sa présence. Faut dire qu'elle n'est plus à son coup d'essai, étant donné qu'elle reprend un rôle de femme fatale meurtrière et manipulatrice déjà vu dans Night Editor sortie un an plus tôt. Elle s'affirme parfaitement dans ce genre de rôle de femme fatale intrigante et à double face qui ne joue pas trop sur son côté glamour.


Glenn Ford dans le rôle torturé d'un homme normal qui visiblement n'a pas beaucoup de chance quoi qu'il entreprenne (comme conduire un camion pour un simple job qui a des freins qui ne fonctionnent plus) fait du bon boulot. Le comédien incarne avec crédibilité un personnage ayant ses propres démons comme la boisson facile, tout en gardant suffisamment de crédulité pour ne pas être que malhonnête. C'est un bon gars qui se retrouve victime malgré lui d'un complot de détournement de fonds. Le travail autour du personnage de Barry Sullivan est pas mal. Dans un premier temps on pense que c'est lui qui va rouler dans la farine son amante Janis Carter, seulement c'est fatalement lui qui se fera tuer de sang-froid par sa partenaire dans une séquence très efficace.


À noter que la bande-son de Marlin Skiles est très fonctionnelle, appuyant remarquablement certaines séquences, transmettant ainsi plus de tension au récit, comme lors de la scène de l'empoisonnement, ou encore de l'exécution dans la voiture.


Quelques éléments de facilités et d'incompréhensions sont à dénoncer, comme :
- la scène du peignoir monogrammé en gros du prénom de Janis Carter qui ne sonne absolument pas vrai. C'est trop facile et grossier.
- La chimie entre Glenn Ford et Janis Carter fonctionne mais n'est pas crédible, à cause de l'incompréhensible choix de Janis, qui décide soudainement de trahir Barry Sullivan pour un amour improbable avec Glenn Ford. Mais pourquoi ? Elle y était. Elle avait réussi son plan machiavélique. Il ne restait plus qu'à exécuter Ford à ce moment-là évanoui et fuir avec l'argent. Seulement voilà, elle a vu dans ses yeux un amour pour elle qui l'a fait réfléchir et agir sous le coup de l'impulsion, avant même de s'assurer la fidélité du gars, pas très malin. D'un point de vue dramatique c'est palpitant et stimulant, mais niveau crédibilité on a vu mieux.
Le final parvient habilement à rattraper ce manque dans une finalité anti-happy-end.


CONCLUSION :


La Traquée est un thriller noir à l'intrigue très familière dans une variation d'un thème maintes fois vu. Ce film n'ajoute rien de nouveau mais il est bien servi dans sa distribution et s'avère divertissant, bien que techniquement ce ne soit pas parfait. Longue hésitation entre un 6 ou 7, mais bon, pour le personnage de Janis Carter et le comédien Glenn Ford dont je suis fan, je vais me montrer moins sévère.


Va pour un 7/10 !

B_Jérémy
7
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le 26 févr. 2020

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