En 1976, le réalisateur et producteur Dan Curtis adapte un roman de Robert Marasco intitulé Burnt Offerings. L’histoire est celle d’une famille – un couple, leur fils et une vieille tante – qui tombe sous l’influence maléfique d’une immense maison louée le temps d’un été. Bénéficiant d’un casting intéressant avec Karen Black, Oliver Reed et Bette Davis, Trauma s’avère être un film captivant qui renouvelle le thème de la maison hantée. Rimini Editions en propose une réédition combo DVD &Blu-ray agrémentée d’un livret revenant sur le genèse du film.
Un projet compliqué
Il y a des films contre lesquels le sort semble s’acharner. Trauma en fait partie. Le roman de Marasco est d’abord un scénario longtemps considéré comme irréalisable. Bob Fosse (Cabaret) notamment s’y intéresse un temps avant d’abandonner le projet. Lorsque vient le tour de Dan Curtis d’envisager une adaptation, il se heurte à toutes sortes de difficultés à commencer par la réticence de la Fox à financer un nouveau film de maison hantée après The Legend of Hell House sorti en 1973. Au moment du tournage, ce sont les interprètes qui semblent animés par quelques démons. Celui de l’acrimonie chez une Bette Davis peu satisfaite de son rôle et faisant planer sur le plateau un véritable climat de terreur. Celui de l’alcool chez Oliver Reed qui non content d’avoir tenté de noyer le personnage de son fils dans le film, entraine un soir le jeune acteur dans une beuverie dont il était coutumier. Heureusement Dan Curtis put compter sur l’engagement sans faille de Karen Black tout droit sortie de Complot de famille (A. Hitchcock) et avec laquelle il avait déjà tourné Trilogy of terror.
Une maison de fou(s)
L’inquiétante demeure de Trauma n’est pas à proprement parler une maison hantée, au sens où elle serait occupée par une force invisible et maléfique. Dans le scénario imaginé par Marasco, c’est la maison elle-même qui est animée d’une volonté de nuisance. Mais plutôt que de nous la montrer sous des atours sinistres, Dan Curtis opte au contraire pour une atmosphère sereine et ensoleillée : le cadre idéal pour un séjour de vacances. Chambres de rêves, piscine miroitante, serre fleurie, les Rolf accèdent ainsi, le temps d’un été, à un standing bien supérieur à celui de leur quotidien. Entre les lignes, c’est aussi à une critique sociale à laquelle se livre ici Dan Curtis. Toutes les frustrations – sexuelles notamment- et certaines angoisses vont rejaillir au fur et à mesure que les nouveaux occupants vont investir la demeure estivale. La mère (Karen Black), incapable d’abandonner cette maison qui la subjugue, bascule peu à peu dans une psychose qui rappelle celle de Norman Bates (Psycho) ; son mari quant à lui perd pied, psychologiquement confronté qu’il est à la réminiscence d’un cauchemar traumatisant de son enfance. Filmée le plus souvent avec des angles peu orthodoxes (Dan Curtis était surnommé Monsieur Contreplongée) et accompagnée du thème musical daté mais efficace de Bob Cobert, la maison victorienne de plus en plus rayonnante, devient insensiblement un personnage monstrueux sous un ciel bleu immaculé.
Personnages/interprétation : 8/10
Scénario/histoire : 7/10
Réalisation/photographie/musique : 7/10
7.5/10 <3
Critique originale publiée sur le MagduCine