C’est en apprenant que Burnt Offerings (Trauma en VF) était l’un des films d’horreur préféré de Stephen King que je me suis intéressé à ce film méconnu alors. Comment ai-je pu passer à côté de ça ! L’on ne compte plus le nombre de films d’horreur qui se passent dans une maison hantée. C’est un principe qui fonctionne bien encore aujourd’hui avec Insidious, Conjuring ou The House Of The Devil pour ne citer que les meilleurs. Il est plus difficile en revanche de côtoyer les plus grands. Car oui, Burnt Offerings peut être mis au même pied que sont les chefs d’œuvre du genre ;The Haunting (La Maison Du Diable), Les Innocents, Amytiville et Shining bien sûr.
Ben et Marian Rolf (Oliver Reed et Karen Black) sont intéressés à louer une très belle maison datant du siècle dernier pour leurs vacances avec leur fils et tante Elisabeth (Bette Davis). Malgré un très bon prix, ils hésitent mais finissent par la prendre. La seule tâche est qu’ils devront prendre soin de la mère des propriétaires. Rien de bien difficile, elle reste cloitrée dans sa chambre. Ne pouvant pas bouger, ils devront simplement déposer la nourriture devant sa chambre. Ils finissent par accepter et profitent de cette somptueuse bâtisse du 19th siècle. Jusqu’à ce que les premiers déraillements commencent. Le père commence à changer de caractère et manque de près de noyer son fils dans la piscine. Ben voit ressurgir ses mauvais souvenirs, à 13 ans, lorsqu’à l’enterrement de sa mère il a cette vision terrifiante du chauffeur de corbillard qui lui sourit tel le diable.
Le film est adapté d’une nouvelle du même nom de Robert Marasco sorti trois ans plus tôt. En plus de son affection, Stephen King s’est aussi clairement souvenu de Burnt Offerings pour son roman Shining. Une famille qui doit prendre soin d’une magnifique et luxueuse maison historique au milieu de nulle part. Un père névrosé en proie a des pulsions meurtrières. Des plantes qui se régénèrent comme par magie. Des influences que l’on retrouve même dans l’adaptation de Stanley Kubrick qui utilise le même genre de musique grave et angoissante qui sont déjà présent ici (la musique est signée Robert Cobert).
Le film est très réussi grâce notamment à la qualité de la direction d’acteurs particulièrement juste et à son ambiance oppressante sans que l’on sache bien de quoi nous devons nous méfier. Oliver Reed, qui aurait déclenché les foudres des parents en faisant boire le jeune acteur, est une fois encore très bon dans un rôle légèrement plus normal que d’habitude mais tout de même en proie à ces démons. La légendaire Bette Davis (alors proche de 70 ans !) est parfaite et la tension entre elle et Karen Black sur le plateau se fait sentir dans l’oppression que l’on ressent dans le film. Karen Black (bien que cela ne se voie pas à l’écran, était enceinte) n’a pas besoin de faire grand chose pour être flippante. Lee Montgomery en revanche et plus proche du Dany dans la version TV de Shining (Mick Garris) que de celui de Kubrick. Et le chauffeur Anthony James et son sourire pervers fait froid dans le dos. La rumeur veut que lors de sa sortie en salle, de jeunes filles criaient rien qu’en le voyant sourire à l’écran.
Cette vision horrifique du chauffeur serait d’ailleurs autobiographique. Dan Curtis ayant perdu sa mère très tôt, il se souvient de cette vision horrible du chauffeur de corbillard qui le fixait avec un regard perçant.
Le film est surtout un film d’ambiance comme on en faisait dans les 70’s (James Wan avec Conjuring ou Ti West avec The house of the Devil ont bien retenu la leçon). Il s’y crée une ambiance oppressante et maléfique sans pour autant faire surgir des fantômes. Le film a été entièrement filmé dans les vrais décors de la maison, aucune scène tournée en plateau. Burnt Offerings, que l’on pourrait traduire par Sacrifice, est une petite pépite trop méconnue du public qui vient de sortir récemment dans une très belle copie Blu-Ray.