Court-métrage au noir et blanc granuleux,
tourné en super 8, Travellinckx c’est une virée avec Didier, persuadé d’avoir été contaminé à l’amiante et de n’avoir plus que quelques semaines à vivre, alors qu’il entreprend de tourner un court héritage filmé comme un souvenir pour son père, en se rendant sur quelques lieux touristiques liés à la Grande Guerre et visités dans son enfance. Mais quand la radio annonce l’évasion de Marc Dutroux, Didier sent qu’il pourrait enfin faire quelque chose de sa journée. De sa vie.
Sur l’incroyable musique rock de Jarby McCoy et de longues plages de silence ronronnant, Bouli Lanners monte
un road-movie terne aux élans minables
autour d’un raté désespéré, et explore dans cette petitesse la grandeur d’âme des simples, l’humanité latente au fond de chacun, trop souvent enfouie sous les craintes et les angoisses, mais qui parfois rejaillit soudain dans les chimères et les espoirs inaccessibles de grandeur et d’accomplissement.
Avec Travellinckx, le réalisateur belge entame son voyage cinématographique sur les routes de Flandres et de Wallonie, qu’il continuera dorénavant de sillonner à chaque nouvelle œuvre, soulignant toujours combien il est un adepte du mouvement, même imperceptible, et de la quête, aussi minable soit-elle, dans un univers plat au ciel gris et lourd,
une Belgique morne et humide,
sur des musiques extraordinaires.
Tout est déjà là.