Trois étages et heureusement pas un de plus !

Je ne connaissais pas bien le cinéma de Nanni Moretti. Je n’avais vu aucun de ses films et on m’en avait dit le plus grand bien. C’est donc avec la plus grande curiosité que j’allais voir ce film. Le moins que l’on puisse dire c’est que je suis entré dans l’univers de ce metteur en scène par la lorgnette plutôt que par la grande porte. Car ce film est raté, lourd et mortel d’ennui.


‘Tre Piani’ narre la vie d’un immeuble romain et de ses habitants sur un peu plus de dix ans. Cet immeuble est constitué des trois étages du titre abritant quatre couples et quatre enfants. Jusque-là tout est normal. Ça déraille maintenant et dès le début du film. Le 1er couple est un couple de magistrat dont le fils, conduisant une voiture ivre mort, fauche et tue une femme avant de s’encastrer dans l’immeuble et plus particulièrement dans l’appartement du 2ème couple qui soupçonne le vieillard du 3ème couple d’avoir peut-être abusé de leur fille pendant qu’il la gardait. Ajoutons que le mari du 2èmecouple va coucher avec la petite fille du 3ème couple, qui a 15/16 ans donc qui est mineure. Ce qui fait qu’il sera poursuivi pour viol. Enfin, dans le 4ème appartement, il y a une femme qui a un enfant (et un deuxième au cours du film) et dont le mari n’est jamais là et qui sera témoin de l’accident mentionné ci-dessus. Elle a par ailleurs peur de devenir un jour comme sa mère, hospitalisée pour troubles mentaux. Enfin, le mari du 4ème couple a un frère qui mouille dans l’escroquerie immobilière.


Bref, tout ça n’est pas léger. Il est incompréhensible que le metteur en scène et ces deux coscénaristes n’aient pas élagué et désépaissi ce gloubi-boulga lors de la phase d’écriture. Cela confine à l’indigestion. Les destins s’enchevêtrent mal et les histoires de ces couples ne sont pas toutes bien écrites. Ce qui éloigne encore plus le spectateur du film est le fait que les personnages sont antipathiques pendant au moins 1h15 sur les deux heures que durent le film. Ils sont dans une épaisse carapace qui empêche le spectateur de ressentir quelque émotion. Les carapaces se fissurent petit à petit mais cela est trop tard pour que l’on commence à s’intéresser à ce qu’ils ressentent.


Moretti voudrait parler d’éthique, de conflits moraux et de transmission entre les générations. Comment les actes du père ou de la mère influencent la vie future de leurs enfants ? Comment, quand on exerce le métier de magistrat, faire quand son propre fils est lui-même confronté à des poursuites judiciaires ? Ne rien faire ou mettre son éthique professionnelle de côté ? Doit-on reprocher à ses parents leurs actes toute sa vie ? Tout cela tombe à l’eau car trop de sujets sont sur la table. Heureusement qu’il n’y a que trois étages.


Tout cela est filmé de manière pantouflarde et plate. Nanni Moretti voudrait filmer la vie qui s’écoule mais c’est ici, d’une lenteur infinie et curieusement, totalement dénué d’humour, de légèreté et de charme.

Noel_Astoc
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le 25 nov. 2021

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