Sacrifices de poulet
Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John...
le 16 mars 2016
31 j'aime
7
Ça va chipoter, c’est sûr. Ça va trouver ça trop violent, trop bête, trop stylé, trop déjà vu. Ça va chipoter et passer tout près d’un bon polar sombre comme les Enfers dans la nuit noire. Et puis y’a de la gueule, y’a du casting, y’a du lourd. Certes, chacun dans son registre, chacun dans un rôle attendu, mais ce serait faire la fine bouche quand on a une horde de gueules comme ça qui fait son boulot, et qui le fait bien. Celle qui étonne le plus, c’est Kate Winslet, magistrale en reine mafieuse impitoyable à la tête d’un univers de mâles roulant des muscles et de la gâchette. Dommage alors, mille fois dommage que son grand numéro de diva implacable soit ramené à une dizaine de minutes à tout casser sur presque deux heures de métrage.
Si le scénario de Matt Cook ne propose rien de vraiment nouveau dans le thriller à la testostérone et le braquage furieusement armé, c’est surtout dans sa noirceur abyssale que le film surprend (et subjugue, in fine). C’est principalement le cas dans cette vision d’une Amérique passée du côté obscur, terrifiante, déglinguée, une Amérique de fin du monde (le panneau «Zombies ahead» entraperçu à un moment est là pour confirmer la chose) hantée par des ripoux, des camés, des paumés, des tapins, des gangs, des malfrats et, au top de la chaîne alimentaire, la mafia russo-israélienne dirigée par une Gorgone majestueuse en mal de son cher et tendre qui croupi dans un goulag.
Atlanta y est vue comme une cour des miracles laissée à l’abandon, livrée à elle-même, quasi déserte, symbole d’un pays en pleine décrépitude morale et sociale (restes de dimension politisée à la Cogan - Killing them softly) en ligne directe avec Detroit et Cie. John Hillcoat filme sec et nerveux, sans gras, à l’essentiel. Rien qui dépasse, mais rien d’original non plus (notamment dans la caractérisation des personnages), sinon une capacité à mettre en scène non pas des scènes d’action en milieu urbain qui ne révolutionneront pas le genre, mais davantage les zones en creux, les flottements, les bas-côtés, et un nihilisme suintant qui colle aux basques et aux visages.
Créée
le 18 mars 2016
Critique lue 675 fois
11 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Triple 9
Après la déception à la sortie de 10 Cloverfield Lane, et son impression d'occasion manquée, reprendre un ticket de cinéma pour Triple 9 a de quoi faire plaisir tout en redonnant la foi. Car John...
le 16 mars 2016
31 j'aime
7
Triple 9 est un très bon film. Un bon polar/thriller bien kiffant où les 2h filent vite pour ma part. Même si l’ensemble se veut quelque peu alambiqué, pour autant à aucun moment l’on ne décroche et...
Par
le 28 mars 2016
23 j'aime
6
Ah, on l’attendait celui-là. Fort d’une communication habile, à grand renfort de parallèles établis avec l’indétrônable Heat au rang des films de braquage, Triple 9 semblait s’imposer comme le film...
Par
le 16 mars 2016
20 j'aime
1
Du même critique
Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...
Par
le 18 janv. 2017
182 j'aime
3
Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...
Par
le 19 oct. 2013
180 j'aime
43
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
Par
le 11 oct. 2015
162 j'aime
25