Après Des Hommes sans Loi ou encore La Route, John Hillcoat plonge à nouveau le spectateur dans un monde violent et sombre avec Triple 9. Dans les rues enfiévrées d'Atlanta, seule la corruption parvient à sortir la tête de l'eau, la loi et l'ordre se mêlant aisément aux truands. Casting parfait, tension palpable et mise en scène électrique, Triple 9 magnifie le genre.


Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood (Chiwetel Ejiofor) et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Mais la redoutable Irina (Kate Winslet) leur ordonne d'effectuer un dernier braquage. Tandis que l'inspecteur Jeffrey Allen (Woddy Harrelson) enquête sur le hold-up, son neveu, Chris (Casey Affleck), devient, sans le savoir, le partenaire de l'un des malfrats.



Atlanta en premier rôle



"999", c'est l'alerte lancée en cas d'extrême urgence lorsqu'un policier est touché lors d'une fusillade. C'est autour de ce code que les multiples intrigues de Triple 9 se succèdent. Comme tout bon film choral, les différents protagonistes défilent jusqu'à une conclusion finale qui clôture les problématiques de chacun d'entre eux. C'est dans cette construction narrative que Triple 9 dévoile sa seule faiblesse. En manque d'originalité, le scénario ne s'aventure pas dans des enjeux qui pourraient surprendre le spectateur. Pire, il le perd parfois en superposant les histoires à coup d'ellipses. Mais John Hillcoat sauve les apparences en magnifiant les codes du genre.


Le réalisateur australien s'y connaît en ambiance sombre et poisseuse. Des Hommes sans Loi montrait une époque de la prohibition froide et clinique tandis que La Route dévoilait un monde post-apocalyptique bien sombre. Triple 9 suit la même veine mais dans les quartiers mal famés d'Atlanta. Des friches délaissées aux rues envahies par les gangs hispaniques, le film se balade dans une métropole violente dans laquelle flics et truands se confondent. Cette caractérisation de la ville est renforcée par le grain de l'image dégoulinant de la pellicule et par sa mise en scène électrique. Triple 9 met rapidement le spectateur sous tension avec des séquences oscillant entre fulgurance et lenteur éreintante. Entre les scènes de braquage au rythme effréné, les scènes de poursuite ou encore les longs face à face taiseux, le long métrage s'inscrit parfaitement dans le genre tout en apportant un petit supplément d'âme dans sa forme visuelle.



Ripoux contre ripoux



Qui sont les bons et les méchants ? Triple 9 évite tout manichéisme, chaque personnage disposant d'une part d'ombre et d' "excuses" les poussant à des actes inconsidérés. Atwood veut se ranger mais doit faire un dernier braquage pour éviter de mettre en danger son fils, Marcus (Anthony Mackie) est un vrai ripou mais dispose encore d'un sens de l'honneur et d'un certain sens de l'amitié, quant à Irina (Kate Winslet), chef de la "mafia casher", multiplie les casses afin de faire sortir de prison son "Parrain" de mari. Mais la palme revient encore et toujours à Woddy Harrelson en inspecteur intègre, légèrement désabusé et porté sur la dope. Un personnage qui résume à lui seul les contradictions qui émaillent tous les protagonistes.


Électrisant et constamment sous tension, Triple 9 plonge le spectateur dans une ville d'Atlanta sur la brèche et magnifiquement filmée. John Hillcoat magnifie les codes du film policier, suivant de vraies "gueules" ballottées entre le bien et le mal. Dommage que l'histoire souffre d'un manque d'originalité et altère quelque peu notre enthousiasme.

claudie_faucand
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le 15 avr. 2016

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claudie_faucand

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