Le Convoi de la Peur

Habituée aux longs-métrages pourris et considérée comme la poubelle des grosses productions ne prenant pas le risque d'une sortie ciné, Netflix n'a jusque là proposé que quelques exceptions en matière de bonnes productions originales (Okja, Le Bon Apôtre, Annihilation...). C'était sans compter sur le surprenant Triple Frontière qui, avec grand regret, aurait largement pu bénéficier d'une sortie en salles tant la qualité du long-métrage s'avère impressionnante.

Réalisé par J.C. Chandor (A Most Violent Year) et scénarisé par ce dernier et Mark Boal (Démineurs, Detroit), le film est une réussite quasi-totale où cinq anciens militaires à la retraite anticipée décident d'organiser le braquage d'un baron de la drogue et de s'enfuir à travers la jungle colombienne les poches pleines de fric. Mais rien ne se passe jamais comme prévu et la cupidité va faire ressortir les plus mauvais démons. Mélange des classiques De l'or pour les braves et du Convoi de la Peur (dont bon nombre de plans équatoriaux sont un évident hommage), Triple Frontière bluffe avant tout par sa mise en scène autrement soutenu et soignée, la caméra de Chandor nous balançant moult baffes visuelles à la gueule.

Scènes d'action tonitruantes, échappées sous tension, confrontations verbales palpables, le film est mené par un quintuplé d'acteurs choisis aux petits oignons : Ben Affleck tout bouffi mais redorant une fois encore son blason, Oscar Isaac (qui retrouve le réalisateur après A Most Violent Year) s'avère toujours aussi prenant, Charlie Hunnam nous offre comme d'habitude une brillante performance à la fois désespérée et badass tandis que Garrett Hedlund et Pedro Pascal font également le taf avec une certaine brio. Autant prévisible dans son déroulé que surprenant de par certaines séquences inattendues, Triple Frontière déploie un arsenal de qualités rarement vue pour une production Netflix, demeurant par ailleurs sans conteste l'un des meilleurs films d'aventures de la dernière décennie.