Dommage! Ce film est passé à côté de l'épopée.
On s'y croirait, dans l'Angleterre d'après Rome, dans cette terre en proie aux invasions en tout genre. Angles, Jutes, Saxons, Irlandais. Les autochtones n'ont qu'à bien se tenir! Il va être difficile de recréer une forme d'unité sans l'égide romaine... Le cadre est donc posé, et d'une bien belle manière. Les frères Scott en production, un réalisateur qui a déjà Robin des Bois, Prince des Voleurs à son actif, il est normal que l’atmosphère générale soit des plus réussie.
Mais le titre l'indique, le film tournera autour de la romance dramatique tirée de la légendaire histoire de Tristan et Iseult, ou l'amour maudit. James Franco, sans faire des étincelles, campe relativement bien le rôle de Tristan. On regrettera toutefois ses quelques faiblesses à exprimer l'amour et la colère. Sophia Myles tient quant à elle le rôle d'Iseult à merveille. Une beauté innocente naturellement jouée. Le casting secondaire est également bien nourri et fort bien choisi, on reconnaîtra quelques têtes désormais bien connues! Mark Strong, Ronan Vibert, Rufus Sewell, ...
Mais c'est justement l'intrigue principale qui fait fausse route dans cette néanmoins superbe adaptation. L'amourette secrète des deux protagonistes principaux s'essouffle, alors qu'elle prend à elle seule les deux derniers tiers du film. Même si l'on a lu le livre, on ne s'attend pas à ce que la réalisation laisse autant d'indices. Les scènes en deviennent prévisibles, parfois beaucoup trop. On regrettera donc une éventuelle version longue, qui aurait pu apporter plusieurs rebondissements extérieurs à ces scènes.
Mais qu'on se le dise, il s'agit d'un excellent film dramatique, fort bien réalisé. Les décors sont, à ce point, criants de réussite tout en restant d'une relative sobriété. Il ne s'agit pas de châteaux-forts, mais d'un monde qui se reconstruit suite au départ de Rome. Cabanes et donjons se côtoient alors, sans cesse en réfection. L'Histoire est richement dépeinte, mais l'autre histoire, celle de l'amour impossible, manque de profondeur... C'est selon moi un an plus tard, en 2004, que Uli Edel parviendra avec L'anneau Sacré à insuffler le ton dramatique d'un amour impossible qui sied aux légendes dites barbares, celles qui naissent sur les cendres de Rome.
Bon film!
Utharlok