Tristesse et beauté souffre d'un déficit de reconnaissance chez les admirateurs de Masahiro Shinoda et il en est de même, avec davantage de variations, chez les adorateurs de Kawabata, bien que l'auteur lui-même ait jugé l'adaptation de son roman très réussie. On est assez proche de la perfection, pourtant, sur le plan esthétique, d'abord, avec cette mise en scène à la fois sensuelle et imaginative, et sur son pur aspect narratif, ensuite, qui décrit avec subtilité les relations entre 5 personnages principaux, certains ne s'étant jamais côtoyés. Sans aucune transition entre les scènes, hormis quelques vues naturelles, Shinoda parvient à rendre fluide ce conte cruel de la jalousie (chacun des protagonistes l'exprime à sa façon) qui va tout droit vers un final tragique. C'est d'ailleurs cet aspect trop évident de mélodrame programmé qui empêche le film de parvenir au rang de merveille absolue. Le quintet de comédiens est remarquable et si l'on retient évidemment Mariko Kaga en femme fatale (une catégorie de personnage toute nouvelle et florissante dans le cinéma japonais des années 60), le plus stupéfiant d'entre eux est sans doute Sô Yamamura, d'une somptueuse sobriété dans un rôle d'écrivain cynique amateur de jeunes femmes.

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le 5 janv. 2024

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